Contenu CO2

Le contenu CO 2 est un facteur d'émission qui permet d'évaluer à partir d'une consommation énergétique finale un impact en terme d'émission de gaz à effet de serre.

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Charbon (anthracite)  : le combustible dont le contenu CO2 est le plus élevé.

Le contenu CO2 est un facteur d'émission qui permet d'évaluer à partir d'une consommation énergétique finale un impact en terme d'émission de gaz à effet de serre. Le contenu CO2 s'exprime en général en grammes d'équivalent CO2 par kWh (gCO2eq/kWh) mais il peut aussi s'exprimer sous forme de contenu carbone en grammes d'équivalent carbone par kWh.

Les contenus CO2 des différentes énergies permettent d'établir des bilans d'émissions en fonction des consommations d'énergie et d'éclairer les choix d'investissement dans des équipements énergétiques.

Les contenus CO2 sont évalués selon deux conventions : soit en émissions directes dues à l'utilisation de l'énergie chez le consommateur, soit en analyse du cycle de vie (ACV) afin prendre en compte les émissions de l'utilisation de l'énergie mais également les émissions dues aux chaines d'approvisionnement et de transformation énergétiques (production, transport, distribution jusqu'aux consommateurs... ).


Contenus CO2 des combustibles

Les hydrocarbures contiennent des taux variables d'atomes de carbones (en noir) - exemple des isomères du butane.

Le contenu CO2 des combustibles en émissions directes est directement lié à la présence de carbone dans la formulation chimique du combustible.

Par exemple, les formules comparées du charbon et du gaz naturel permettent d'établir que le gaz naturel émet moins de CO2 :

Il est ainsi possible d'évaluer le rapport entre les émissions de CO2 et l'énergie dégagée par la combustion. Le contenu en ACV est ensuite calculé en ajoutant les émissions de gaz à effet de serre de la chaîne d'approvisionnement.

Des valeurs sont apportées par le CITEPA en émissions directes[1] ou par l'ADEME pour son Bilan Carbone[2] ou l'arrêté du Diagnostic de performance énergétique[3] en ACV.


Contenus CO2 des combustibles courants (gCO2eq/kWh Pouvoir Calorifique Inférieur)
Combustibles Émissions directes Émissions ACV
Charbon 342 384
Fioul lourd 281 320
Fioul domestique / Gazole 270 300
Essence (ARS, SP95, SP98) 264 309
GPL 230 274
Gaz naturel 205 234
Bois-énergie ∼0 13

Les contenus peuvent varier en fonction de la composition des combustibles et des méthodes employées, l'ADEME pour son Bilan Carbone[2] estime l'incertitude à +/-5% pour les produits pétroliers ainsi qu'à +/- 20% pour le charbon et ses dérivés.

Pour le bois-énergie, le contenu CO2 émis à la combustion est reconnu conventionnellement comme nul. En effet, le cycle entre la combustion dégageant du CO2 et le captage de ce CO2 par la croissance de la biomasse est court, de l'ordre de l'année. Cela suppose une politique cohérente de gestion des forêts. Les émissions de CO2 de la biomasse sont par conséquent seulement dues à la consommation de combustible pour l'exploitation et le transport du combustible, mais aussi les fuites d'autres gaz comme le méthane dont le potentiel de réchauffement global est élevé.

Les biocarburants font l'objet d'une polémique sur les émissions en analyse de cycle de vie décrit dans l'article correspondant.

Contenus CO2 des réseaux de chaleur

Répartition des consommations énergétiques par sources des réseaux de chaleur en France en 2006[4].

La chaleur consommée par les sous-stations raccordées aux réseaux de chaleur n'émet pas de gaz à effet de serre sur le lieu de l'utilisation. En revanche, l'utilisation des combustibles pour produire originellement la chaleur émet des gaz à effet de serre. Il existe par conséquent une relation de cause à effet entre la consommation de chaleur et les émissions de CO2, il est par conséquent couramment admis de parler de contenus CO2 des réseaux de chaleur.

En raison de la grande variété des sources énergétiques utilisées par les réseaux (du charbon à la géothermie), le contenu CO2 est fortement dépendant de la caractéristique du réseau. Les réseaux font désormais l'objet d'une enquête annuelle[5] dont les premiers résultats ont été publiés dans un arrêté[6]. La méthodologie retenue dans l'enquête se base sur les émissions directes des combustibles, les valeurs ACV pour les réseaux ne sont par conséquent pas disponibles.


Exemples de contenus CO2 des réseaux de chaleur (gCO2eq/kWh)
Réseau de chaleur Émissions directes Émissions ACV
Chauffage urbain de la Duchère et Lyon 9e 368 ***
Compagnie Parisienne de Chaleur Urbain 195 ***
Chauffage urbain de Brest 32 ***

Des valeurs pour les réseaux de froid sont aussi proposées.

Contenus CO2 de l'électricité

Préambule

Comme pour les réseaux de chaleur, l'utilisation de l'électricité par le consommateur d'énergie n'entraîne pas d'émissions de gaz à effet de serre sur le lieu d'utilisation. En revanche, l'utilisation des combustibles pour produire originellement l'électricité émet des gaz à effet de serre. Il existe par conséquent une relation de cause à effet entre la consommation d'électricité et les émissions de CO2, il est par conséquent couramment admis de parler de contenu CO2 de l'électricité. Cependant, le sujet des émissions de CO2 liées à l'électricité fait débat en France, et ce pour de multiples raisons :

Cet article n'a pas vocation à trancher ce débat scientifique et politique : il a été structuré de manière à représenter la diversité des méthodes d'évaluation du contenu CO2 de l'électricité et leur domaine de validité.


Quelques définitions

Centrale de production électrique à base de charbon à Datteln (Allemagne). Ce type de centrale peut produire de l'ordre de 1000 gCO2/kWh.

Les contenus CO2 de l'électricité peuvent être définis de différentes manières, suivant les émissions auxquelles ils s'intéressent ainsi qu'aux périmètres pris en compte : à la production, à la consommation, à l'échelle d'un producteur ou d'un pays.

Le contenu CO2 du kWh produit par filière est défini comme les émissions de CO2 par kWh d'électricité produit en sortie d'une filière de production (centrale charbon, tranche nucléaire, éolienne... ).


Quelques exemples de contenus CO2 du kWh produit par filière selon EDF[8] (gCO2eq/kWh)
Filières Émissions directes + ACV
Nucléaire 5
Charbon 600 MW 962
Charbon 250 MW 1036
Fioul 998
Hydraulique retenue 5
Photovoltaïque 97
Éoliennes 3

Le contenu CO2 du kWh produit est le contenu CO2 moyen du kWh électrique produit par la totalité des moyens de production d'un producteur (EDF, RWE,... ) ou d'un pays (France, Allemagne,... ).


Quelques exemples de contenus CO2 du kWh produit par producteur selon PriceWaterhouseCoopers[9] (gCO2eq/kWh)
Producteur Émissions directes Émissions ACV
EDF-France 47 ***
Groupe EDF 99 ***
Moyenne européenne 372 ***
Groupe EON 476 ***
Groupe RWE 771 ***

Le contenu CO2 évité par kWh produit est relatif à la production électrique : il permet d'évaluer les émissions de CO2 évitées par une nouvelle production connectée au parc existant, par exemple le MEEDDAT a évalué que les émissions évitées par la production éolienne est de 300 gCOeq2/kWh[10].

Le contenu CO2 du kWh consommé est relatif aux émissions provoquées par une consommation électrique. Il prend en compte le contenu CO2 du mix de production, les importations et les consommations des réseaux de transport et de distribution nécessaires pour couvrir la consommation.

Le contenu CO2 du kWh consommé par usage est basé sur une décomposition du contenu CO2 consommé selon les différents usages. Comme il n'est pas possible de distinguer physiquement la participation des moyens de production pour tel ou tel usage, les moyens de production couvrant la somme des appels à tout instant, la décomposition repose sur des méthodes conventionnelles d'allocation qui font l'objet des développements ci-dessous.

Historique des contenus CO2 par usage

Plusieurs études ont été historiquement menées en France pour tenter d'évaluer des contenus CO2 différenciés par usage avec l'idée de distinguer les usages vertueux en terme d'émission de gaz à effet de serre de ceux qui ne le seraient pas.

1990 - DGEMP : la première tentative est effectuée en France par la Direction générale de l'énergie et des matières premières (DGEMP) en annexe du rapport du groupe interministériel sur l'effet de serre[11] présidé par Yves Martin (Ingénieur Général des Mines). La DGEMP après s'être intéressée aux coûts du chauffage électrique a essayé de calculer un contenu CO2 pour cet usage. L'annexe n'est plus disponible publiquement mais les conclusions permettent d'estimer une valeur supérieure à 240 gCO2eq/kWh pour l'usage chauffage.

"La contribution à l'effet de serre du chauffage électrique est quasiment systématiquement supérieure à celle du chauffage à gaz à condensation (240 g de CO2/kWh) ; cette situation ne s'inverse que dans une hypothèse de forte hausse du prix du charbon et du gaz qui conduirait à majorer fortement la part du nucléaire dans un kWh de chauffage électrique" Rapport du groupe interministériel sur l'effet de serre - Novembre 1990 - page 54

2000 - ADEME : l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) publie une note sur les émissions de gaz à effet de serre[12]. Il n'est pas proposé de contenus CO2 de l'électricité différenciés par usage mais il est néanmoins fait mention des méthodes qui seront ensuite développées : méthode moyenne, méthode marginale et méthode incrémentale.

2002 - DGEMP : la DGEMP propose une nouvelle étude en 2002[13] sur une base différente mais pour tous les usages. La méthode cependant ne permet pas de distinguer clairement les usages entre eux, tous les contenus proposés étant très proches du contenu moyen du kWh consommé.

2003 - ADEME : l'ADEME contribue à l'élaboration du plan action climat 2003 avec une note méthodologique sur les contenus CO2 de l'électricité[14]. Cette note propose plusieurs type de contenus en émissions directes :

  • Contenu moyen de 62,1 gCO2eq/kWh en 2000,
  • Contenu marginal de 560 gCO2eq/kWh en 1997, repris de la note de 2000 (cf. ci-dessus),
  • Contenus différenciés par usages avec une méthode "moyenne marginale" qui sera renommée ensuite en moyenne saisonnière (cf. 2005)  :
Quelques exemples de contenus CO2 du kWh par usage selon l'ADEME en 2003 (gCO2eq/kWh)
Usage Émissions directes Émissions ACV
Éclairage résidentiel 291 ***
Chauffage résidentiel 223 ***
Électroménager 144 ***
Tertiaire moyen 123 ***
Industrie 29 ***
  • Contenu incrémental par référentiel technologique de 400 gCO2eq/kWh sur la base d'un développement des cycles combinés gaz pour la production électrique.

2005 - ADEME/EDF : l'ADEME met à jour son étude de 2003 en collaboration avec EDF dans une note de cadrage sur le contenu CO2 du kWh par usage en France[15] en ne retenant que la méthode moyenne saisonnière en émissions directes.

Contenus CO2 du kWh par usage selon les indicateurs simplifiés de l'ADEME et EDF en 2005 (gCO2eq/kWh)
Usage Émissions directes Émissions ACV
Chauffage 180 ***
Éclairage 100 ***
Usages intermittents 60 ***
Usages en "base" 40 ***

2007- EDF : en annexe du rapport dit Syrota[16] de la Commission énergie du Centre d'analyse stratégique, présidée par Jean Syrota (Ingénieur des Mines), EDF a proposé une mise à jour des valeurs de la note ADEME-EDF. D'après les analyses du fournisseur d'énergie, le contenu CO2 pour le chauffage électrique passerait de 180 gCO2eq/kWh sur la période 1998-2003 à 130 gCO2eq/kWh en 2020. Selon EDF, "la méthode retenue est l'unique qui permet de rendre compte des modifications du parc dans la durée".

2007 - Gaz de France : parallèlement à la prise de position d'EDF, Gaz de France propose dans le même rapport[16] une approche incrémentale du contenu CO2 de l'électricité pour le chauffage avec une valeur de 608 gCO2eq/kWh. Gaz de France propose aussi une mise à jour des valeurs moyennes de la note ADEME-EDF sur une période plus récente (2001-2006) et en prenant en compte les émissions ACV, la valeur mise à jour serait dans ce cas de 280 gCO2eq/kWh. Selon Gaz de France, cette méthode "est utile pour calculer le bilan passé, mais elle n'est pas adaptée pour estimer le contenu CO2 de nouveaux chauffages électriques".

2007 - DGUHC : subventionnés par la DGUHC, le bureau d'étude Énergie Demain et le consultant Antoine Bonduelle publient les résultats d'une étude prospective sur la valorisation des actions de maîtrise de la demande d'électricité au congrès ECEEE 2007[17] puis dans la Revue de l'Énergie[18]. Cette étude propose une approche marginale des contenus CO2 par usage par différence entre plusieurs scénarios d'évolution des consommations.

2007 - ADEME/RTE : dans une note interne[19] mais diffusée par certaines associations, l'ADEME et RTE (groupe EDF) tente de concilier les parties en présences en proposant une mise à jour de la méthode moyenne saisonnière de la note ADEME-RTE et une méthode marginale proche de celle proposée par l'ADEME en 2003. Des valeurs sont proposées en émissions directes :

Contenus CO2 du kWh par usage selon la note l'ADEME et RTE diffusée en 2007 (gCO2eq/kWh)
Usage Méthode moyenne Méthode marginale
Chauffage 180 500-600
Eclairage 100 600-700
Usages intermittents 60 600-700
Usages en "base" 40 450-550


L'aperçu de cet historique pourrait faire penser qu'il n'existe aucun consensus scientifique sur le sujet des contenus CO2 par usage de l'électricité. Des constantes apparaissent cependant dans cette controverse, surtout sur les méthodes d'allocation employées. A la lecture de l'historique, il se dégage trois familles de méthodes pour parvenir à évaluer un contenu par usage :

Méthodes moyennes

La méthode moyenne d'allocation des émissions de CO2 est à approcher par ressemblance à l'économie à la notion de coût moyen. L'expression mathématique du contenu CO2 moyen comparé aux émissions totales Et ainsi qu'à la consommation totale Ct s'écrit :

 CO2_M = \frac{E_t}{C_t}

Afin de distinguer les usages, il est possible de calculer des contenus moyens horaires, journaliers, mensuels ou saisonniers puis de les affecter au prorata de la répartition des usages. Ainsi, la méthode décrite dans la note ADEME-EDF[19] s'appuie sur un découpage saisonnier des consommations et de la production, justifié par le constat que la consommation d'électricité présente une variation saisonnière caractéristique entre l'été et l'hiver.

Ainsi, les 500 TWh de consommation d'électricité sont répartis en 400 TWh de consommation de base, c'est-à-dire ayant le même niveau toute l'année, et 100 TWh de consommation saisonnière répartie sur la période hivernale. Le même calcul est réalisé sur les émissions de CO2 de la production, avec 16 Mt de CO2 sur la partie de base et 18 Mt de CO2 sur la partie saisonnière. Il est dans ce cas possible de calculer deux contenus CO2 en fonction de la saisonnalité : 180 gCO2eq/kWh pour les usages saisonniers et 40 gCO2eq/kWh pour les usages de base. Le calcul détaillé[19] par usage est réalisé sur la base d'un taux de saisonnalité, par exemple :

Comme le calcul du coût moyen, la méthode du contenu CO2 permet d'allouer des émissions de CO2 par secteur pour réaliser des bilans. En revanche, le contenu CO2 moyen ne répond pas à la question : combien émet une consommation supplémentaire d'électricité ou au contraire combien économise de CO2 une consommation évitée ?

Méthodes marginales

Pour tenter de répondre à la question de l'évaluation des conséquences, les méthodes marginales d'allocation des émissions de CO2 ont été développées par ressemblance à la notion de coût marginal. L'expression mathématique du contenu CO2 marginal comparé aux émissions totales Et ainsi qu'à la consommation totale Ct s'écrit

 CO2_m = \frac{d E_T}{d C}

En pratique, le fonctionnement du parc électrique repose sur l'empilement des moyens de production à coût marginal court terme (=coût d'exploitation) de production croissant : les moyens de production les moins coûteux sont appelés en premier puis successivement les moyens de production de plus en plus coûteux jusqu'à l'équilibre offre-demande. Ainsi, les productions fatales (éolien, hydraulique au fil de l'eau, photovoltaïque... ) sont forcément appelées par définition, puis viennent les centrales nucléaires et enfin les centrales thermiques et l'hydraulique de pointe. A partir des données de production et des conditions économiques, il est par conséquent possible d'évaluer le moyen de production appelé en dernier qui a réalisé l'aprécisément marginal heure par heure, par conséquent le moyen susceptible de réagir à une petite augmentation ou à une petite diminution de la demande.

Cette notion a par exemple été utilisée dans la note ADEME publiée en 2000[12] pour calculer la marginalité thermique mensuelle, c'est-à-dire la durée durant laquelle l'aprécisément marginal est assuré par les moyens thermiques, émetteur de CO2 en émissions directes :

Marginalité thermique en 1997 et contenu marginal mensuel (gCO2eq/kWh) selon la note l'ADEME de 2000[12]
Mois Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre
% de marginalité 82% 78% 51% 60% 43% 52% 41% 50% 62% 76% 70% 77%
Contenu CO2 marginal 741 704 458 543 389 470 370 455 561 686 631 693

A partir de l'évaluation du contenu marginal horaire ou mensuelle et du profil de consommation d'un usage, il est possible d'établir un contenu CO2 marginal différencié par usage. Ainsi, les valeurs proposées par l'ADEME et RTE[19] différencient trois usages :

Il est intéressant de souligner que le contenu marginal peut aussi être appliqué pour les productions électriques, surtout les productions éoliennes ou photovoltaïques. En effet, une production électrique nouvelle a le même effet qu'une diminution de la consommation sur le parc de production. Elle revient à moins solliciter le parc déjà installé, cet aprécisément s'opérant en premier sur le moyen de production dont le coût marginal court terme est le plus élevé. Les méthodes marginales permettent par conséquent d'évaluer autant les effets des variations de consommation que les effets d'une nouvelle production, aux pertes de transport et de distribution près.

Le contenu marginal a cependant le défaut de ne pouvoir rendre compte que d'apréciséments limités de la consommation ou de la production : RTE estime la validité des valeurs jusqu'à des décisions représentant quelques dizaines de TWh[19]. Le contenu marginal doit être complété soit par des méthodes prospectives, c'est le cas du contenu CO2 marginal en développement proposé par RTE[19] pour 2010 et 2020, soit par les méthodes incrémentales.

Méthodes incrémentales

L'approche incrémentale se propose d'évaluer les conséquences d'un changement profond dans le parc de production, dû par exemple à une conversion massive d'un usage des combustibles fossiles vers l'électricité. L'approche consiste par conséquent à évaluer les conséquences d'un écart important de consommation. L'expression mathématique du contenu CO2 incrémental comparé aux émissions totales Et ainsi qu'à la consommation totale Ct s'écrit

 CO2_i = \frac{\triangle E_T}{\triangle C}

En général, les hausses de demande sont étudiées de manière à prévoir les investissements nécessaires pour compléter le parc existant une fois arrivé à saturation et ainsi garantir l'équilibre offre-demande. Les investisseurs ont intérêt à investir dans les moyens de production qui minimisent le coût marginal long terme de production (coût complet). En prenant des hypothèses sur les coûts d'investissements, par exemple ceux proposés par la DGEMP dans sa publication sur les coûts de référence de la production électrique[20], et des hypothèses sur le prix des énergies, il est possible d'évaluer les moyens à mettre en place en fonction des profils de consommation par usage.

EDF avait déjà proposé à l'ADEME de travailler sur une telle méthode dans la note publiée en 2000[12], sans donner suite. Il faut revenir à une réponse d'EDF datée de 1988[21] envoyée suite à une étude de la DGEMP attaquant le cadre économique de développement du chauffage électrique pour trouver les premiers éléments d'une méthode incrémentale, limitée dans ce cas au chauffage électrique : "en termes d'énergie annuelle, 1 kW de chauffage électrique utilise 2540 kWh par an qui se décomposent en : 35 % de kWh nucléaire (900 kWh), 59% de kWh charbon (1 500 kWh), 6% de kWh fioul (140 kWh) ". En se basant sur les contenus CO2 par filière publiée par EDF[8], le contenu CO2 du chauffage électrique calculé sur ce mix de production serait au moins de 629 gCO2eq/kWh.

Gaz de France a proposé en 2007[16] une approche semblable avec un mix de production actualisé, prenant en compte surtout les cycles combinés gaz naturel qui connaissent un développement important aujourd'hui. Le mix proposé pour l'usage chauffage est de :" 67% de gaz naturel (50% de cycles combinés, 17% de turbines à combustion), 10% de fioul (turbines à combustion), 13% de charbon, 10% de nucléaire". D'où un contenu CO2 de l'électricité pour l'usage chauffage de l'ordre de 608 gCO2eq/kWh.

Les méthodes incrémentales permettent d'évaluer les tendances long terme d'évolution du contenu marginal. Elles peuvent être utilisées en complément du contenu marginal, surtout pour l'évaluation de projets dont l'effet sur le parc électrique est important et peut se ressentir sur la durée.

Domaine d'utilisation

En résumé, les différentes méthodes permettent une analyse complète des effets des consommations électriques sur les émissions de gaz à effet de serre :

Il existe des liens de causalité entre ces différents contenus. Comme dans le cas des coûts marginaux, le contenu marginal permet d'expliquer l'évolution du contenu moyen. Le contenu incrémental permet d'expliquer l'évolution du contenu marginal. Ainsi, la situation française actuelle fait que le contenu marginal est largement supérieur au contenu moyen, ce qui implique que :

Exemple d'utilisation des contenus CO2

Les différents contenus CO2 des énergies permettent d'établir des bilans d'émission de gaz à effet de serre pour les consommateurs d'énergie sachant que la quantité d'énergie consommée est connue à travers les comptages et facturations ou peut être estimée à travers des diagnostics énergétiques le cas échéant. Ainsi, le Bilan Carbone de l'ADEME[22] ou le Diagnostic de Performance Energétique[23] proposent des méthodes d'évaluations d'émission de gaz à effet de serre, respectivement pour les entreprises et collectivités locales, et pour les logements et les bâtiments tertiaires.

Les contenus CO2 peuvent être utilisés dans tous les domaines énergétiques : bâtiments, transports, industries...

Choix d'un système de chauffage

L'exemple suivant montre les possibilités de comparaison entre les sytstèmes de chauffage. Les consommations sont des ordres de grandeur pour un logement demandant 10 MWh thermique utile pour le chauffage, les rendements sont issues de la méthode réglementaire du Diagnostic de Performance Energétique[23].

Exemple de comparaison des émissions de gaz à effet de serre des chauffages en maison
Solution énergétique Besoin énergétique (kWh/an) Consommation (kWh PCI/an) Contenu CO2 (gCO2eq/kWh) Émissions de CO2 annuelles (tCO2eq/an)
Chaudière fioul 10 000 11 000 300 3,3
Chaudière gaz 10 000 10 500 234 2,4
Pompe à chaleur électrique 10 000 4 000 500-600 2-2,4
Chaudière bois 10 000 14 000 13 0,2

Note : le contenu marginal de l'électricité proposée par l'ADEME et RTE est utilisé dans ce cas, s'agissant de l'évaluation d'une consommation supplémentaire d'électricité entraînant un aprécisément à la marge du système électrique. En toute rigueur, un calcul sur la durée de vie de l'équipement basé sur le contenu marginal pour le court terme et le contenu incrémental sur le long terme serait nécessaire.

L'exemple ci-dessus, donné à titre purement illustratif, indiquerait que la chaudière bois est la solution la moins émetrice de CO2, alors que les solutions "chaudière gaz" et "pompe à chaleur" sont dans le même ordre de grandeur en terme d'émissions de CO2.

Choix d'un véhicule léger

L'exemple suivant montre les possibilités de comparaison entre plusieurs voitures utilisant différents carburants, connaissant leur consommation telle que donnée par le constructeur. Il est aussi possible d'établir son bilan personnel d'émission de gaz à effet de serre comparé à sa consommation de carburant.

Exemple de comparaison des émissions de gaz à effet de serre des voitures
Type de carburant Consommation typique Contenu CO2 gCO2eq/kWh Émissions de CO2 gCO2eq/km
Essence 6 l/100 km - 0,578 kWh/km 264 153
Gazole 5 l/100 km - 0,537 kWh/km 270 145
GPL 6,45 l/100 km - 0,578 kWh/km 230 133
GNV 5,83 m³/100 km - 0,578 kWh/km 205 118

Les exemples sont ci-dessus sont donnés à titre purement illustratif. En spécifique, le rendement des moteurs GPL et GNV sont supposés optimisés pour atteindre le même rendement qu'un moteur essence.

Il est ainsi possible d'orienter son choix sur le véhicule le moins polluant. A noter que la mise en place du système de bonus/malus pour l'achat d'un véhicule neuf repose sur un calcul d'émission de CO2 sur la base de contenu CO2 en émissions directes pour le passage des consommations conventionnelles aux émissions par 100 kilomètres.


Notes et références de l'article

  1. CITEPA
  2. ab ADEME, Bilan Carbone - Guide des facteurs d'émissions, 2007 [lire en ligne]
  3. Ministère du logement, Arrêté du 15 septembre 2006 relatif au diagnostic de performance énergétique pour les bâtiments existants proposés à la vente en France métropolitaine, 2006 [lire en ligne]
  4. Conseil Général des Mines, H. Prevot, Les réseaux de chaleur, 2006 [lire en ligne]
  5. Enquête annuelle de branche chauffage urbain et climatisation urbaine, https ://www. enquete-reseaux. com/
  6. Ministère du logement, Arrêté du 18 décembre 2007 modifiant l'arrêté du 15 septembre 2006 relatif au diagnostic de performance énergétique pour les bâtiments existants proposés à la vente en France métropolitaine, 2007 [lire en ligne]
  7. RTE, Résultats techniques du secteur électrique en France - édition 2007, 2007 [lire en ligne]
  8. ab EDF, Méthode d'élaboration de l'indicateur d'émission de CO2, 2005 [lire en ligne]
  9. PriceWaterhouseCoopers, Facteur Carbone 6 : nouvelle étude sur les émissions de gaz à effet de serre des 23 plus grands producteurs d'électricité du continent européen, 2007 [lire en ligne]
  10. MEEDDAT, Communiqué de presse du 15 février 2008 - développement éolien, 2008 [lire en ligne]
  11. Groupe interministériel sur l'effet de serre, Y. Martin (président), Rapport sur l'effet de serre, 1990 [lire en ligne]
  12. abcd ADEME, C. Cros & J-P. Tabet, Éléments de calcul des émissions de gaz à effet de serre dans les installations énergétiques, 2000 [lire en ligne]
  13. DGEMP, L. Meuric, Les émissions de CO2 des centrales électriques et des raffineries en France : 1996-1999 - Observatoire de l'économie de l'énergie et des matières premières, 2002 [lire en ligne]
  14. ADEME, J-P. Tabet & B. Bailly & J-M. Bouchereau, Les différentes méthodes d'évaluation du contenu Carbone de l'électricité en France, 2003 [lire en ligne]
  15. ADEME & EDF, Note de cadrage sur le contenu CO2 du kWh par usage en France, 2005 [lire en ligne]
  16. abc Centre d'analyse stratégique, J. Syrota (président), Perspectives énergétiques de la France à l'horizon 2020-2050 - rapport de synthèse, 2007, [lire en ligne]
  17. E&E - Energie Demain, A. Bonduelle & D. Joliton, Carbon emissions displaced by energy savings, 2007 [lire en ligne]
  18. E&E - Energie Demain, A. Bonduelle & D. Joliton, Revue de l'énergie n°580, Quelles émissions attribuer aux économies d'électricité ?, 2007
  19. abcdef ADEME & RTE, Le contenu en CO2 du kWh électrique : Avantages comparés du contenu marginal et du contenu par usages sur la base de l'historique, 2007 [lire en ligne]
  20. DGEMP, Les coûts de référence de la production électrique, 2003 [lire en ligne]
  21. EDF, Le chauffage électrique, un choix justifié pour un produit d'avenir, cité in La Gazette Nucléaire n°133,1994 [lire en ligne]
  22. ADEME, Bilan Carbone, http ://www. ademe. fr/bilan-carbone/
  23. ab Site de la DGUHC sur le Diagnostic de Performance Energétique, http ://www. logement. gouv. fr/article. php3?id_article=5873

Voir aussi

Liens et documents externes

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