Biodiversité

La biodiversité désigne la diversité du monde vivant. Le mot biodiversité est un néologisme composé à partir des mots biologie et diversité.

Définitions :

  • Diversité biologique, diversité des espèces vivantes (source : fr.wiktionary)
  • désigne toute la variété et la variabilité des organismes vivants et des complexes écologiques dont ces organismes font partie.... (source : fleuve-charente)
  • la diversité biologique ou biodiversité, est la variété et la variabilité de tous les organismes vivants.... (source : guadeloupe.ecologie.gouv)
Diverses espèces épiphytes dans une forêt humide en Amérique centrale. Les écosystèmes de la zone intertropicale hébergent la plus grande partie de la biodiversité mondiale actuelle.

La biodiversité désigne la diversité du monde vivant. Le mot biodiversité est un néologisme composé à partir des mots biologie et diversité.

Au Sommet de la Terre de Rio (Juin 1992), sous l'égide de l'ONU, tous les pays ont décidé au travers d'une convention mondiale sur la biodiversité de faire une priorité de la protection et restauration de la diversité du vivant, reconnue comme une des ressources vitales du développement durable. Puis le sommet européen de Göteborg en 2001, dans l'accord sur «Une Europe durable pour un monde meilleur» s'est fixé (pour l'Europe) un objectif plus strict : arrêter le déclin de la biodiversité en Europe d'ici 2010.

Histoire du concept de biodiversité

L'expression biological diversity a été inventée par Thomas Lovejoy en 1980[1] alors que le terme biodiversity lui-même a été inventé par Walter G. Rosen en 1985 lors de la préparation du National Forum on Biological Diversity organisé par le National Research Council en 1986; le mot «biodiversité» apparaît pour la première fois en 1988 dans une publication, quand l'entomologiste américain E. O. Wilson en fait le titre du compte rendu[2] de ce forum[3]. Le mot biodiversity avait été jugé plus efficace en termes de communication que biological diversity.

Depuis 1986, le terme et le concept sont très utilisés parmi les biologistes, les écologues, les écologistes, les dirigeants et les citoyens. L'utilisation du terme coïncide avec la prise de conscience de l'extinction d'espèces au cours des dernières décennies du XXe siècle.

En juin 1992, le sommet planétaire de Rio de Janeiro a marqué l'entrée en force sur la scène mondiale de préoccupations et de convoitises vis-à-vis de la diversité du monde vivant. Au cours de la Convention sur la diversité biologique qui s'est tenue le 5 juin 1992, la diversité biologique a été définie comme :

«la variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces mais aussi celle des écosystèmes.»
    — Article. 2 de la Convention sur la diversité biologique, 1992

Définitions précisées

Biodiversité, contraction de «diversité biologique», expression désignant la variété et la diversité du monde vivant. Dans son sens le plus large, ce mot est quasi synonyme de «vie sur terre».

Trois niveaux

Biodiversité intraspécifique observée sur ces épis de maïs

La diversité biologique est la diversité de toutes les formes du vivant. Elle est habituellement subdivisée en trois niveaux :

Le gène est l'unité essentielle de la sélection naturelle, par conséquent de l'évolution, et certains, comme E. O. Wilson, estiment que l'unique biodiversité «utile» est la diversité génétique. Cependant, en pratique, lorsque on étudie la biodiversité sur le terrain, l'espèce est l'unité la plus accessible.

Biodiversité sauvage et biodiversité domestique

La Convention sur la biodiversité écologique du 5 juin 1992 a défini le terme de biodiversité comme étant «la variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces mais aussi celle des écosystèmes».

La biodiversité concerne par conséquent tout le vivant et la dynamique des interactions au sein du vivant, qu'il soit naturel (biodiversité sauvage) ou bien géré par l'homme (biodiversité domestique). A ces deux catégories s'ajoute la biodiversité commensale de l'homme, autrement dit les espèces qui, tout en n'étant pas gérées par l'homme s'adaptent aux milieux qu'il crée (le rat et le cafard en ville par exemple).

Évaluer la biodiversité

Comment mesurer la biodiversité ?

Relation entre le nombre d'espèces et la taille des organismes[4]

Selon le point de vue précédemment défini, il ne peut y avoir de mesure unique objective de la biodiversité, mais seulement des mesures relatives à des tendances ou objectifs précis d'utilisation ou d'application. On devrait parler par conséquent plutôt d'indices de biodiversité que de véritables indicateurs. Ils commencent à être relevés à l'échelle mondiale, par des observatoires de la biodiversité, dans le cadre surtout de l'Imoseb.

Les conservationnistes cherchent à évaluer quantitativement et qualitativement une valeur, reconnue par ceux pour qui ils font cette estimation, et élément d'aide à la décision pour les espèces ou habitats ayant besoin de protection. D'autres cherchent une mesure plus aisément défendable d'un point de vue économique, servant à garantir le maintien de l'utilisation (dont pour les générations futures) de la biodiversité et de ses possibilités d'évolution, en assurant la protection de l'environnement dans un monde en constante évolution.
Les biologistes accordent une importance croissante à la diversité génétique ainsi qu'à la circulation des gènes. L'avenir étant inconnu, nul ne peut savoir quels gènes seront principaux pour l'évolution. Il y a par conséquent consensus sur le fait que le meilleur choix de conservation de la biodiversité est d'assurer la sauvegarde du plus large pool génétique possible sur des habitats suffisamment représentatifs et interconnectés pour que les échanges de gènes restent possibles.

Certains considèrent cette approche comme quelquefois inadéquate et trop restrictive, surtout parce qu'elle ne prend pas en compte les fonctions aménitaires et culturelles de la biodiversité.

Une étude récente[5] montre que le déclin des papillons dans une zone donnée est lié à celui de la biodiversité dans cette même zone. La présence ou l'absence de papillons serait par conséquent un bon indice de mesure de la biodiversité.

Les différentes dimensions de la biodiversité

Les Pinsons de Darwin des Galápagos illustrent comment, par une radiation évolutive, d'une espèce originale, quatre types de bec pour treize espèces au total sont apparus.

La biodiversité doit d'une part être reconnue comme processus dynamique, dans sa dimension temporelle. Elle est un système en évolution constante, du point de vue de l'espèce tout autant que celui de l'individu. La demi-vie moyenne d'une espèce est d'environ un million d'années et 99% des espèces qui ont vécu sur terre sont actuellement éteintes.

Elle peut aussi être reconnue dans sa composante spatiale : la biodiversité n'est pas distribuée de façon régulière sur terre. La flore et la faune changent selon de nombreux critères comme le climat, l'altitude, les sols ou les autres espèces (critères que l'homme modifie de plus en plus fortement et rapidement).

L'inventaire des espèces

La systématique explore la biodiversité dans sa capacité à distinguer un organisme ou un taxon d'un autre. Elle est confrontée aux problèmes de temps et de nombre : 1,75 millions d'espèces ont été décrites, dans ce cas les estimations vont de 3,6 à plus de 100 millions d'espèces. La systématique n'est qu'un des aspects de la biodiversité, néanmoins utile à la compréhension des écosystèmes, de la biosphère et de leurs fonctions et interactions.

Tableau 1. Quelques études estimant le nombre d'espèces décrites (d'après WCMC, 1992).
Groupe Mayr et al. (1953) Barnes (1989) May (1988) May (1990) Brusca & Brusca (1990)
Protozoaires[6] 260 000 32 000 35 000
Porifères 4 500 5 00 10 000 9 000
Cnidaires 9 000 9 000 10 000 9 600 9 000
Platyhelminthes 6 000 12 700 20 000
Rotifères 1 500 1 500 1 800
Nématodes 10 000 12 000 1 000 000[7] 12 000
Ectoproctes 3 300 4 000 4 000 4 500
Echinodermatas 4 000 6 000 6 000 6 000 6 000
Urochordata 1 600 1 250 1 600 3 000
Vertébrés 37 790 49 933 43 300 42 900 47 000
Chélicérates 35 000 68 000 63 000 65 000
Crustacés 25 000 42 000 39 000 32 000
Myriapodes[8] 13 000 10 500 13 120
Hexapodes 850 000 751 012 1 000 000[9] 790 000 +827 175
Mollusques 80 000 50 000 100 000 45 000 100 000[10]
Annélides 7 000 8 700 15 000 15 000
Graphique 2 : comparaison de l'importance des différents taxons entre ce que nous savons (à gauche) et ce qui existe certainement (à droite) (D'après WCMC, 1992).
Icône de détail Pour plus d'information sur la biodiversité des insectes.

Estimations du nombre d'espèces

Certains groupes (virus, bactéries, pico et nano-plancton, micro-invertébrés.. ) sont très mal connus. Faire des estimations, même prudentes, est dans ce cas très délicat.

Tableau 2. Estimation du nombre d'espèces des principaux groupes taxinomiques (d'après WCMC, 1992).
Groupe Espèces déjà décrites Espèces à décrire
estimation la plus haute[11] estimation probable[12]
Virus 5 000 500 000 500 000
Bactéries 4 000 3 000 000 400 000[13]
Champignons 70 000 1 500 000 1 000 000
Protozoaires 40 000 100 000 200 000
Végétaux 250 000 500 000 300 000
Vertébrés 45 000 50 000 50 000
Nématodes 15 000 1 000 000 500 000
Mollusques 70 000 180 000 200 000
Crustacés 40 000 150 000 150 000
Arachnides 75 000 1 000 000 750 000
Insectes 950 000 100 000 000 8 000 000

Le rythme des découvertes

Nombre d'espèces restent par conséquent à découvrir, à un rythme qui différera selon groupes zoologiques. Ainsi, chez les oiseaux (graphique 3, voir ci-dessous), il a fallu 87 ans pour découvrir la moitié des espèces actuellement connues et 125 ans pour l'autre moitié. Ce qui indique que les espèces sont de plus en plus difficiles à découvrir. Dans le cas des arachnides et des crustacés (graphique 4, voir ci-dessous), on a découvert en uniquement dix ans (de 1960 à 1970), tout autant d'espèces que depuis 1758, soit 202 ans. Cela indique qu'il existe encore de nombreuses espèces communes encore inconnues mais également qu'en découvrir de nouvelles sera de plus en plus difficile.

Graphique 3 : rythme des découvertes d'espèces d'oiseaux (d'après WCMC, 1992, May, 1990, et Simon, 1983)
Graphique 4 : rythme des découvertes d'espèces d'arachnides et de mollusques (d'après WCMC, 1992, May, 1990, et Simon, 1983)

Exemples de pays riches en biodiversité

L'état de la biodiversité sauvage en Europe[14]

La diminution de la biodiversité concerne les écosystèmes, les espèces et les gènes. Voici quelques tendances et chiffres au niveau européen :

Services apportés par la biodiversité

L'industrie pharmaceutique est l'une des premières bénéficiaires de la biodiversité. De nombreux principes actifs de médicaments ont été mis au point à partir de molécules naturelles.

La biodiversité est la source première des services rendus par les écosystèmes. Elle est aussi le moteur de la résilience écologique car c'est une ressource naturelle auto-entretenue (à certaines conditions). Elle apporte tout l'oxygène, vital, que nous consommons, tout ce que nous mangeons (cultures vivrières, bétail, poissons... ) ; elle contribue à l'épuration et au cycle de l'eau, ainsi qu'aux grands cycles biogéochimiques ainsi qu'à la régulation climatique.
Elle apporte des fibres pour l'habillement, du bois-énergie pour le chauffage, la construction d'habitations, la papeterie. Elle produit ou inspire des médicaments.
L'agrobiodiversité désigne les usages de la biodiversité associés à l'agro-alimentaire.

La biodiversité a contribué de nombreuses façons au développement des cultures humaines. Et inversement, l'homme a joué un rôle majeur en termes d'évolution de la diversité aux niveaux génétiques, spécifiques et écosystémiques.

Parmi les exemples de l'utilité de la diversité face à l'homogénéisation génétique des variétés de plantes cultivées, on peut en citer deux [15] :

On voit mais aussi la diversité génétique des populations naturelles d'animaux et de plantes apparaît comme une stratégie promue par la sélection naturelle, en réponse aux pressions continuelles des parasites évoluant rapidement.

Les écosystèmes fournissent aussi des supports de production (fertilité du sol, des sédiments, fonctions des prédateurs, décomposition et recyclage des déchets organiques et de la nécromasse... ) et des services inestimables tels que la production et purification de l'air, l'épuration de l'eau, la stabilisation et la modération du climat, la diminution des conséquences des sécheresses, inondations et autres désastres environnementaux.

Si les ressources biologiques représentent un intérêt écologique pour la communauté, la valeur économique de la biodiversité est aussi de plus en plus mise en avant. De nouveaux produits sont développés grâce aux biotechnologies, et de nouveaux marchés créés. Pour la société, la biodiversité est aussi un secteur d'activité et de profit, et demande une gestion appropriée des ressources.

La biodiversité est aussi devenue un miroir de nos relations avec les autres espèces vivantes, une vue éthique avec des droits, des devoirs, et une nécessité éducative. L'aspect éducatif est fréquemment assuré par l'école (lors de sorties d'éducation à l'environnement par exemple), par des associations d'éducation à l'environnement (telles que les CPN, les CPIE, les GRAINE, le Réseau Ecole et Nature... ) ou par des organisations de protection de la nature, telles que le WWF [2].

La biodiversité, patrimoine naturel vital pour chaque peuple et pays, est fortement liée aux besoins de l'homme ainsi qu'à sa santé, son alimentation… et sa richesse. Car elle a aussi un aspect économique : elle peut être utilisé pour fabriquer des produits agro-alimentaires, pharmaceutiques, cosmétiques…

Voir aussi : Écotourisme

Quel prix accorder à la biodiversité ?

Les écologues et les environnementalistes ont été les premiers à insister sur l'aspect économique de la protection de la diversité biologique. Ainsi, Edward Wilson écrivait en 1992 que la biodiversité est l'une des plus grandes richesses de la planète, et néenmoins la moins reconnue comme telle. Nombreux sont ceux qui actuellement considèrent la biodiversité comme un réservoir de ressources utilisables pour fabriquer des produits agro-alimentaires, pharmaceutiques, cosmétiques… Cette notion de mise en valeur des ressources est à l'origine des craintes de disparition des ressources liée à l'érosion de la biodiversité, mais également des nouveaux conflits portant sur les règles de partage et d'appropriation de cette richesse.

Un préalable à toute discussion sur la répartition des richesses est nécessaire : celui de l'évaluation économique de la biodiversité. Cet objectif doit aussi permettre de déterminer les moyens financiers à consacrer à sa protection.


La biodiversité est-elle menacée ?

Icône de détail Article détaillé : extinction de l'Holocène.

L'installation de l'homme dans la majorité des territoires disponibles a modifié les équilibres écologiques existants; les fluctuations climatiques ont eu un impact sur la répartition des espèces. Ces modifications, qui ont eu cours durant plusieurs millénaires ont cependant permis à une importante diversité biologique de perdurer jusqu'à l'aube de l'ère industrielle.

Ces dernières décennies, une érosion de la biodiversité a été observée et plus de la moitié de la surface habitable de la planète a été modifiée de façon significative par l'espèce humaine[16]. La majorité des écologistes et biologistes estiment qu'une extinction massive est en cours. S'il y a désaccord sur les chiffres et les délais, la majorité des scientifiques pensent que le taux actuel d'extinction est plus élevé qu'il ne l'a jamais été dans les temps passés. Plusieurs études montrent qu'environ une espèce sur huit des plantes connues est menacée d'extinction. Chaque année, entre 17 000 et 100 000 espèces disparaissent de notre planète, et un cinquième de toutes les espèces vivantes pourrait disparaître en 2030. Il y a consensus sur le fait que l'homme en soit la cause, surtout par la fragmentation des habitats et/ou la destruction des écosystèmes abritant ces espèces. Sans négliger l'évolution même des espèces ni leur mise en place au cours du temps dans des espaces donnés, on ne peut que constater en termes de bilan que les pertes quantitatives et en particulier qualitatives sont énormes, et qu'à l'échelle planétaire ces dernières s'effectuent de manière régulière et pernicieuse.

Mers et océans : une étude statistique publiée en 2006 [17] s'appuyant sur l'analyse durant quatre ans de données couvrant une période de mille ans, pour 48 zones de pêche dans le monde montre que les espèces aujourd'hui pêchées (poissons et crustacés) pourraient presque toutes disparaître en 2048 sans mesure supplémentaire de préservation. En 2006,29% des espèces pêchées sont déjà sur le point de disparaître, imposant un appel plus important aux piscicultures dont certaines dégradent l'environnement. La perte importante de biodiversité marine fragilise les écosystèmes marins et par voie de conséquence le climat et ceux de la planète entière, car les mers et océans sont essentiels aux cycles biogéochimiques, dont celui de l'oxygène.

Certains estiment que la conversion d'écosystèmes anciens (ou de substitution, tels que prairies, bocage... ) en écosystèmes standardisés (e. g. par exemple, déforestation suivie de monoculture intensive) a des effets encore plus négatifs sur la biodiversité que la surexploitation d'espèces ou la dégradation d'écosystèmes primaires. D'autres pensent que c'est l'absence de droits de propriété ou de règles d'accès aux ressources qui ont conduit à l'exploitation anarchique des ressources naturelles.

Parmi ces détracteurs, quelques-uns affirment que des extrapolations abusives sont faites et que le rythme actuel de disparition des espèces ou de destruction des forêts tropicales, des récifs coralliens ou des mangroves (trois sortes d'habitat riche en biodiversité) n'est pas suffisant pour parler d'extinction de masse. Ainsi, la majorité des extinctions ou les extinctions principales ont été observées sur des îles.

Néanmoins, hormis que les théories de l'écologie du paysage prédisent que c'est effectivement d'abord sur les îles que les espèces doivent disparaître, c'est précisément un phénomène d'insularisation écopaysagère que les scientifiques observent sur les continents. De plus, les inventaires montrent pour une grande quantité d'espèces, que si celles-ci n'ont pas tout à fait disparu, elles ont fréquemment, en quelques décennies, vu fondre ou disparaître leurs populations de l'essentiel de leur ancienne aire de répartition, ce qui a forcément diminué leurs diversités génétiques. Enfin, la vitesse de quasi-disparition de ressources halieutiques autrefois communes et de plus de 200 espèces de poissons dans le lac Victoria (à comparer à 129 espèces d'eau douce uniquement pour toute l'Europe), suite à l'introduction de la perche du Nil en 1954 démontre la possibilité, dans un temps bref, d'une extinction de masse d'origine humaine. Le film documentaire Le Cauchemar de Darwin (2005) illustre aussi cet aspect.

Enfin, la vitesse et le taux de régression des espèces nocturnes sont mal suivis et peu étudiés, mais le phénomène dit de pollution lumineuse pourrait avoir été sous-estimé dans ses impacts en termes de fragmentation écologique de l'Environnement nocturne; or il est en progression constante et rapide depuis les années 1950[18].

Gestion de la biodiversité : conservation, préservation et protection

Globalement, ce n'est pas tant la présence de l'homme qui perturbe l'équilibre écologique des écosystèmes que ses activités de plus en plus intensives qui, surtout dans les plaines, fragmentent de plus en plus les secteurs où s'exprime encore une certaine biodiversité. La destruction des habitats et leur fragmentation sont par conséquent les deux principaux facteurs de la perte d'un haut niveau de richesse biologique.

Cependant, une grande partie des activités humaines semble compatible avec le maintien d'une biodiversité importante à condition que certaines règles de gestion et d'aménagement soient respectées et suivies, même si certaines d'entre elles demandent de profonds changements dans notre vision économique et sociologique du monde.

La conservation de la biodiversité est devenue un motif de préoccupation mondiale. Bien que n'importe qui ne soit pas nécessairement d'accord sur le fait qu'une extinction massive soit en cours, la majorité des observateurs admettent la disparition de nombreuses espèces, et considèrent essentiel que cette diversité soit préservée, selon le principe de précaution.

Il existe deux grands types d'options de conservation de la biodiversité : la conservation in situ, c'est-à-dire dans le milieu naturel, et la conservation ex situ, c'est-à-dire hors du milieu naturel. La conservation in situ est fréquemment vue comme la stratégie parfaite. Sa mise en place n'est cependant pas forcément possible. Par exemple, les cas de destruction d'habitats d'espèces rares ou d'espèces en voie de disparition requièrent la mise en place de stratégies de conservation ex situ. Certains estiment que les deux types de conservation sont complémentaires.

Un exemple de conservation in situ est la mise en place de zones de protection. La conservation de gènes dans des banques de semence est un exemple de conservation ex situ, laquelle permet la sauvegarde d'un grand nombre d'espèces avec un minimum d'érosion génétique.

De manière générale, la préservation de la biodiversité implique la préservation des grands équilibres écologiques, à quelque échelle que ce soit : habitat, forêt, région, monde... Équilibres qui, s'ils sont rompus, entraînent de graves dysfonctionnements biologiques aux conséquences fréquemment désastreuses, quelquefois imprévisibles, sur les sociétés humaines en général et leur fondement économique surtout.

L'érosion de la biodiversité était l'un des sujets les plus discutés lors du Sommet pour le développement durable, à Rio de Janeiro, dans l'espoir de la mise en place d'un fond de conservation global pour le maintien des espèces et des collections (conservatoires, banques de graines, etc... ). C'est aussi lors de ce sommet que le 22 mai a été déclaré Journée mondiale de la biodiversité. La Convention sur la diversité biologique votée à Rio, avant d'être ratifiée par ses Parties-membres, engage les états signataires et l'Union Européenne à prendre des mesures de conservation et d'utilisation durable de la biodiversité ainsi qu'au partage équitable des bénéfices découlant de l'utilisation des ressources génétiques. Le partage des avantages découlant de l'exploitation des ressources génétiques est régit par des contrats privés. Mais il semble, que pour une application efficace de la Convention sur la diversité biologique, il faut actuellement tenir compte des utilisateurs. La responsabilité de l'utilisateur peut permettre une réactualisation des problématiques mais aussi l'ouverture de nouveaux chantiers d'étude. Cette implication peut s'exercer sur différents domaines tels que : le transfert des technologies, la divulgation de l'origine des ressources génétiques ou l'accès à la justice en cas de différend. [19]

La convention de 1972 de l'Unesco sera utilisée pour aboutir sur un accord juste sur le partage des bénéfices résultants. La bioprospection peut devenir ce qui a été appelé biopiraterie lorsque ces règles ne sont pas respectées.

Perspectives pour une bonne gouvernance de la Biodiversité : L'ONU a mis en place la FAO pour répondre aux questions d'agriculture et d'élevage et l'OMS pour les questions de santé, mais il n'y a pas d'Agence mondiale pour la Biodiversité. Une démarche consultative (IMoSEB qui veut dire «International Mechanism Of Scientific Expertise on Biodiversity») envisage en 2006 la création d'un organisme scientifique de type IPCC sur le thème de la biodiversité, suite aux recommandations d'un groupe de travail mondial (Leipzig workshop) sur les interfaces Science-Décideurs pour une bonne gouvernance de la biodiversité (International Science-Policy Interfaces for Biodiversity Governance). En février 2007 à Paris, le président Jacques Chirac a apporté le soutien de la France à l'idée de création d'une Agence mondiale de l'Environnement.

La biodiversité urbaine, et celle de la nature banale sont aussi des préoccupations émergentes, avec quelques expérimentations d'intégration dans la gestion urbaine et l'architecture (Construction à biodiversité positive, quinzième cible HQE... )

Annexes

Notes

  1. Lovejoy (1980).
  2. Gérard Granier, Yvette Veyret, Développement durable. Quels enjeux géographiques ?, dossier n°8053, Paris, La Documentation française, 3e trimestre 2006, ISSN 04195361, page 2 ; lire aussi Edward O. Wilson, (directeur de publication), Frances M. Peter, (directeur de publication associé), Biodiversity, National Academy Press, march 1988 ISBN 0-309037832 ; ISBN 0-309037395 (pbk. ), édition électronique en ligne
  3. Global Biodiversity Assessment. UNEP, 1995, Annex 6, Glossary. ISBN 0-521564816, utilisé comme source par "Biodiversity", Glossary of terms related to the CBD, Belgian Clearing-House Mechanism, site consulté le 26 avril 2006.
  4. selon Stork (1997) et May, (1978 et 1988)
  5. (2006)
  6. Le terme de protozoaire, bien que paraphylétique est utilisé ici dans son sens zoologique classique.
  7. Cette estimation très haute de May (1988) reflète plutôt une estimation des espèces existantes plutôt que celles seulement décrites.
  8. Les myriapodes sont ici reconnus comme l'ensemblage des chilopodes et des diplopodes
  9. Cette estimation très haute de May (1988) reflète plutôt une estimation des espèces existantes plutôt que celles seulement décrites.
  10. Ce chiffre très important n'est pas expliqué par les auteurs, Brusca et Brusca (1990).
  11. L'estimation la plus haute est disponible pour de nombreux groupes mais reste très spéculative et doit être prise avec énormément de précaution.
  12. Ces chiffres sont volontairement modérés (WCMC, 1992).
  13. Estimation très difficile à donner, du fait de la faiblesse de nos connaissances.
  14. Evaluation des écosystèmes pour le millénaire, [http ://www. maweb. org maweb. org
  15. C. de Kimpe, congrès "La recherche agronomique européenne dans le monde du XXIe siècle" à Strasbourg les 28 et 29 novembre 1996.
  16. Hannah et Bowles (1995). Voir aussi l'évaluation des écosystèmes pour le millénaire
  17. (en) Impacts of Biodiversity Loss on Ocean Ecosystem Services, dans Science magazine du 3 novembre 2006
  18. Traduction française d'un article des auteurs du premier atlas mondial de la clarté artificielle du ciel nocturne
  19. Gouvernance mondiale de la biodiversité : impliquer tous les utilisateurs de ressources génétiques, S. Louafi, J. -F. Morin, Synthèse, n° 01,2004, Institut du développement durable et des relations mondiales. [1]

Références

Bibliographie

Liens externes

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"La perte de la biodiversité nuira à ..."

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