Fragmentation écopaysagère

La fragmentation ou le morcellement des écosystèmes / des habitats / écopaysagère (er) / écologique, est un phénomène artificiel de morcellement de l'espace, qui peut ou pourrait empêcher une ou plusieurs espèces vivantes de se déplacer comme elles le devraient...

La fragmentation ou le morcellement des écosystèmes / des habitats / écopaysagère (er) / écologique, est un phénomène artificiel de morcellement de l'espace, qui peut ou pourrait empêcher une ou plusieurs espèces vivantes de se déplacer comme elles le devraient et le pourraient en l'absence de facteur de fragmentation.

Les routes sont les facteurs les plus visibles de fragmentation écologique du paysage. Même en l'absence de véhicules, de nombreuses espèces, d'invertébrés notamment, refusent de les traverser.
Les routes sont les facteurs les plus visibles de fragmentation écologique du paysage. Même en l'absence de véhicules, de nombreuses espèces, d'invertébrés surtout, refusent de les traverser.
Dans ce paysage (zone humide naturelle située entre Victoria et Vancouver), comme dans un bassin versant normal, les cours d'eau ne sont pas fragmentés (pas de barrages) et ils ont une forme naturelle en arborescence qui leur permet d'irriguer l'espace sans le fragmenter : les vasières et zones humides constituent encore ici un espace physiquement et écologiquement intègre (d'une seule pièce, matérialisé par la couleur verte sur la photo)
utrement dit, une espèce non volante et ne pouvant traverser un cours d'eau, peut ici coloniser toute la zone verte, à partir de n'importe lequel de ses points
Dans ce paysage (zone humide naturelle située entre Victoria et Vancouver), comme dans un bassin versant normal, les cours d'eau ne sont pas fragmentés (pas de barrages) et ils ont une forme naturelle en arborescence qui leur permet d'irriguer l'espace sans le fragmenter : les vasières et zones humides forment encore ici un espace physiquement et écologiquement intègre (d'une seule pièce, matérialisé par la couleur verte sur la photo). Autrement dit, une espèce non volante et ne pouvant traverser un cours d'eau, peut ici coloniser toute la zone verte, à partir de n'importe lequel de ses points
Les couloirs de ligne haute tension sont des facteurs plus discrets, mais réels de fragmentation, pour les oiseaux notamment
Les couloirs de ligne haute tension sont des facteurs plus discrets, mais réels de fragmentation, pour les oiseaux surtout
Les infrastructures dont l'effet de fragmentation écologique est le plus difficile à compenser sont les autoroutes, les canaux aux berges de béton ou de palplanche, les voies ferrées de type TGV (à double clôture) et les routes. Les bretelles routières sont sur cette photo facteur d'insularisation écologique pour les « îlots » qu'elles cernent.
Les infrastructures dont l'effet de fragmentation écologique est le plus difficile à compenser sont les autoroutes, les canaux aux berges de béton ou de palplanche, les voies ferrées de type TGV (à double clôture) et les routes. Les bretelles routières sont sur cette photo facteur d'insularisation écologique pour les «îlots» qu'elles cernent.
Les petits barrages de moulins à eau n’empêchaient pas les saumons ou truites de mer de remonter. Les grands barrages sont eux, des obstacles majeurs à la migration et circulation des organismes aquatiques des fleuves et rivières. Selon l'évaluation des écosystèmes pour le millénaire, de 1960 à  2000, le volume d’eau stocké dans les barrages-réservoirs (ici barrage de Bimont en France) a quadruplé, devenant de trois à six fois supérieur à celui des rivières et fleuves naturels (hors lacs naturels). Les passes à poissons quand elles existent ne permettent la remontée et dévalaison que d’une partie des poissons.
Les petits barrages de moulins à eau n'empêchaient pas les saumons ou truites de mer de remonter. Les grands barrages sont eux, des obstacles majeurs à la migration et circulation des organismes aquatiques des fleuves et rivières. Selon l'évaluation des écosystèmes pour le millénaire, de 1960 à 2000, le volume d'eau stocké dans les barrages-réservoirs (ici barrage de Bimont en France) a quadruplé, devenant de trois à six fois supérieur à celui des rivières et fleuves naturels (hors lacs naturels). Les passes à poissons lorsque elles existent ne permettent la remontée et dévalaison que d'une partie des poissons.
Certains mammifères peuvent s'affranchir de certaines clôtures, en passant dessous ou en sautant au dessus (une clôture électrique serait ici plus dissuasive)
Certains mammifères peuvent s'affranchir de certaines clôtures, en passant dessous ou en sautant au dessus (une clôture électrique serait ici plus dissuasive)
L'analyse génétique de 18 cerfs parmi 50 d’une population isolée depuis 30 à 40 ans par des routes en Allemagne du nord, a montré une perte de diversité génétique de 7 % environ à chaque génération'est 7 fois plus que chez la population voisine dont elle est originaireeci rend ces cerfs d'autant plus vulnérables qu'ils ne peuvent échapper à leurs parasites et que leurs grands prédateurs ont disparu (plus de sélection naturelle). Les premiers projets de biocorridors et écoducs ont souvent concerné les cervidés
L'analyse génétique de 18 cerfs parmi 50 d'une population isolée depuis 30 à 40 ans par des routes en Allemagne du nord, a montré[1] une perte de diversité génétique de 7 % environ à chaque génération. C'est 7 fois plus que chez la population voisine dont elle est originaire. Ceci rend ces cerfs d'autant plus vulnérables qu'ils ne peuvent échapper à leurs parasites et que leurs grands prédateurs ont disparu (plus de sélection naturelle). Les premiers projets de biocorridors et écoducs ont fréquemment concerné les cervidés
La génétique moléculaire de métapopulations de papillons Melitaea cinxia et Colias eurytheme divisées en petites populations se reproduisant dans environ 4.000 prés secs des îles Åland (S-W Finlande) a montré que ces métapopulation subsistent dans un équilibre stochastique extinctions-recolonisations, avec environ seulement 500 habitats occupées chaque année  (1/8e). Les variations moléculaires induites par certaines modifications génétiques montrent que la configuration écopaysagère influent bien sur la diversité génétique et sur les chances de survie de l'espèce. Sur des milieux comparables mais fragmentés l’endogamie induit des difficultés de vol, métaboliques et/ou de ponte (oviposition) qui ne semblent pas être attribuables à d'autres facteurs, même ici pour des papillons (volants) sur des milieux apparemment encore très « naturels » et peu fragmentés par des routes
La génétique moléculaire de métapopulations de papillons Melitæa cinxia et Colias eurytheme divisées en petites populations se reproduisant dans environ 4.000 prés secs des îles Åland (S-W Finlande) a montré[2] que ces métapopulation subsistent dans un équilibre stochastique extinctions-recolonisations, avec environ uniquement 500 habitats occupées annuellement (1/8e). Les variations moléculaires induites par certaines modifications génétiques montrent[3] que la configuration écopaysagère influent bien sur la diversité génétique et sur les chances de survie de l'espèce. Sur des milieux semblables mais fragmentés l'endogamie induit des difficultés de vol, métaboliques et/ou de ponte (oviposition) qui ne semblent pas être attribuables à d'autres facteurs, même ici pour des papillons (volants) sur des milieux apparemment encore très «naturels» et peu fragmentés par des routes
Le fleuve et ses berges sont isolés dans le paysage, des deux côtés, par trois routes et une voie ferrée
Le fleuve et ses berges sont isolés dans le paysage, des deux côtés, par trois routes et une voie ferrée
L'impact paysager de la route surélevée traversant la vallée est le plus visuellement perceptible mais en termes de fragmentation, son impact écologique est bien moindre que celui de la route longeant la berge qui ne sera traversée que par un nombre très limité d'organismes vivants.
L'impact paysager de la route surélevée traversant la vallée est le plus visuellement perceptible mais en termes de fragmentation, son impact écologique est bien moindre que celui de la route longeant la berge qui ne sera traversée que par un nombre très limité d'organismes vivants.
Le réseau ferroviaire danois, en arborescence, est moins fragmentant qu'un réseau maillé en « toile d'araignée »
Le réseau ferroviaire danois, en arborescence, est moins fragmentant qu'un réseau maillé en «toile d'araignée»
En ville, les berges naturelles ont souvent totalement disparu
En ville, les berges naturelles ont fréquemment complètement disparu
L'importance de la pollution lumineuse en matière de fragmentation de l'environnement nocturne commence à peine à être évaluée.
L'importance de la pollution lumineuse en matière de fragmentation de l'environnement nocturne commence à peine à être évaluée.
En passant par les cols les plus bas, nombre de routes occupent des corridors écologiques autrefois préférentiellement utilisés par la faune sauvage pour circuler et franchir les barrières montagneusesette occupation se fait en leur point le plus stratégique (goulot d'étranglement, couloir de vent, zone froide, etc.), forçant les oiseaux et d'autres espèces à migrer plus haut sur d'autres cols, où ils sont alors encore plus facile à chasser et plus vulnérables aux aléas climatiqueses cols étaient aussi utilisés par des papillons migrateurs, par des chauve-souris en migration et par divers mammifères (Ex : ours, lynx et loups dans les alpes et Pyrénées)
En passant par les cols les plus bas, nombre de routes occupent des corridors écologiques autrefois préférentiellement utilisés par la faune sauvage pour circuler et franchir les barrières montagneuses. Cette occupation se fait en leur point le plus stratégique (goulot d'étranglement, couloir de vent, zone froide, etc. ), forçant les oiseaux et d'autres espèces à migrer plus haut sur d'autres cols, où ils sont dans ce cas encore plus facile à chasser et plus vulnérables aux aléas climatiques. Ces cols étaient aussi utilisés par des papillons migrateurs, par des chauve-souris en migration et par divers mammifères (Ex : ours, lynx et loups dans les alpes et Pyrénées)
(Des goulots d'étranglement tels que celui ci sont des pièges mortels ou des barrières difficilement franchissables pour de nombreuses espèces, ici sur la route provinciale (highway 93) en quittant le Parc national de Kotenay, (Canada, Colombie britannique)
(Des goulots d'étranglement tels que celui ci sont des pièges mortels ou des barrières difficilement franchissables pour de nombreuses espèces, ici sur la route provinciale (highway 93) en quittant le Parc national de Kotenay, (Canada, Colombie britannique)
La fragmentation par ce type de voies ferrées ne doit pas être sous-estimée, même si leurs abords sont utilisés comme corridors par quelques espèces. Leur micro-climat exacerbé, l'odeur du ballast (huiles, excréments, urine, pesticide..) et le caractère abiotique de la voie font que de nombreux animaux refusent de les traverser spontanément. Sauf les voies TGV doublement clôturées, elles semblent cependant beaucoup moins morcelantes que les routes.
La fragmentation par ce type de voies ferrées ne doit pas être sous-estimée, même si leurs abords sont utilisés comme corridors par quelques espèces. Leur micro-climat exacerbé, l'odeur du ballast (huiles, excréments, urine, pesticide.. ) et le caractère abiotique de la voie font que de nombreux animaux refusent de les traverser spontanément. Sauf les voies TGV doublement clôturées, elles semblent cependant nettement moins morcelantes que les routes.
Ce type de route (ici en Espagne) est peu morcellante, mais son inconfort n'est plus acceptéomment moderniser un réseau routier sans augmenter son pouvoir de fragmentation ?
Ce type de route (ici en Espagne) est peu morcellante, mais son inconfort n'est plus accepté. Comment moderniser un réseau routier sans augmenter son pouvoir de fragmentation ?
Le passage en tunnel est plus efficace que la pose de passages à faune pour le maintien de continuités biologiques majeures. Il n'a pas ici permis de bloquer le recul de la forêt, mais son retour éventuel en sera facilitérésil, 8/01/2006)
Le passage en tunnel est plus efficace que la pose de passages à faune pour le maintien de continuités biologiques majeures. Il n'a pas ici permis de bloquer le recul de la forêt, mais son retour éventuel en sera facilité. (Brésil, 8/01/2006)
Un fleuve ou un bras de mer gelés peuvent être traversés, par les quelques animaux terrestres qui n'hibernent pas, si les berges ne sont pas abruptes. Les petits animaux ne s'exposent cependant généralement pas ainsi à leurs éventuels prédateurs
Un fleuve ou un bras de mer gelés peuvent être traversés, par les quelques animaux terrestres qui n'hibernent pas, si les berges ne sont pas abruptes. Les petits animaux ne s'exposent cependant le plus souvent pas ainsi à leurs éventuels prédateurs
Outre le tunnel, le téléphérique est un mode de transport écologiquement peu fragmentant
Outre le tunnel, le téléphérique est un mode de transport écologiquement peu fragmentant



Avec le concept d'hétérogénéité, celui de fragmentation est une des bases théoriques de l'Écologie du paysage.

Les individus, les espèces et les populations sont différemment affectés par la fragmentation de leur habitat, selon leurs capacités adaptatives, leur degré de spécialisation ou de dépendance à certaines structures écopaysagères, et aussi selon leur capacité à voler ou à franchir les obstacles facteurs de fragmentation (parois, grillages, routes, zones traitées par des pesticides, etc. ), et selon la biologie de leurs populations.

La communauté scientifique (Évaluation des écosystèmes pour le millénaire) considère que la fragmentation écologique est devenu une des premières causes d'atteinte à la biodiversité, avant la pollution. L'observatoire wallon de la biodiversité estime par exemple qu'en 2000,5 à 15% des espèces ont déjà disparu et que 30 à 50 % sont en régression et que La disparition et la fragmentation des espaces naturels en est la première cause[4].

Origine du concept

Godron & Forman en 1983 puis en 1986; et Forman en 1995 ont formalisé les bases de l'analyse quantitative de la structure et des composantes du paysage (ici compris comme une surface variable composé d'une mosaïque d'écosystèmes[5]). Ils montrent que la fragmentation d'un habitat naturel est une forme de destruction de l'habitat qui (sauf pour quelques espèces ubiquistes et banales) affecte d'abord la taille des populations en augmentant les risques d'extinction[6].

Wiens en 1997 fait valoir que la fragmentation modifie la taille, les formes et l'isolement des «taches» du paysage, générant un impact sur les fonctions écopaysagères des éléments ainsi isolé et - par effet second - sur des éléments situés aux niveaux supérieurs ou inférieurs du paysage. La fragmentation ;

En France le concept a surtout été diffusé par le réseau Man and Biosphère de l'UNESCO, et le travail de Françoise Burel (Thèse à l'Université de Rennes) a été le début d'une suite de thèses et de travaux à Rennes, Montpellier et ailleurs.

Enjeux

L'enjeu principal est celui de l'intégrité écologique du milieu, car la fragmentation des habitats s'opposent aux besoins vitaux qu'ont la faune, la fonge et la flore de pouvoir se déplacer dans le paysage.

Les données de terrain, comme les analyses comparatives issues de la cartographie des corridors biologiques, d'images satellitaires, de photographies aériennes, ou de cartes anciennes montrent que les écosystèmes sont de plus en plus artificialisés et fragmentés, par des infrastructures de transport de véhicules, biens ou personnes ou d'énergie (lignes électriques, lignes téléphoniques). Les barrages hydroélectriques en sont un équivalent visible et facile à comprendre pour les réseaux fluviaux, mais d'autres barrières écologiques non-physiques existent (pollutions par des pesticides, des eutrophisants ou d'autres biocides sont aussi des facteurs majeurs de fragmentation, plus discrets, mais touchant de vastes espaces.

Les individus, mais également les populations sont confrontés à un nombre croissant de «verrous écologiques» (barrières physiques ou immatérielles) ou «goulots d'étranglement», qui - en fragmentant anormalement les écosystèmes - limitent ou interdisent la circulation des individus et populations et par conséquent le mélange des gènes au sein de leur aire normale de répartition, au point de provoquer des régressions ou disparitions d'espèces, ou de les menacer à moyen ou long terme.

Même des animaux volants sont affectés : On a longtemps cru que les oiseaux et chauve-souris échappaient aux impacts de la fragmentation par les routes forestières, mais outre que certaines espèces sont très affectées par le Roadkill, diverses expériences (dont en Guyane dans le cadre de l'étude d'impact et des mesures compensatoires de la RN2) ou au Brésil[9] sur un site expérimental situé à 80 km au nord de Manaus ont montré que même sur des routes peu fréquentées, les oiseaux et les chauve-souris - en dépit de leur capacité à voler - sont affecté par la présence de routes dans les forêts. Sur les voies fréquentées et bruyantes, l'unique bruit éloigne les oiseaux chanteurs (jusqu'à plus d'un km sous le vent dominant d'autoroutes en Grande-Bretagne) et les oiseaux urbains doivent adapter leurs chants pour s'entendre, surtout dans les basses fréquences ([10])

L'Écologie du paysage tente de répondre à des questions essentielles pour la Conservation de la nature. Quelle taille minimale d'habitat et quelle qualité d'interconnectivité faut-il conserver pour assurer la survie des espèces qui y coévoluent ? Protège-t-on mieux un plus grand nombre d'espèces et d'écosystèmes dans une grande réserve naturelle ou dans plusieurs petites ?

Définition

Des barrières naturelles existent dans la Nature. Les plus importantes sont les longues et hautes chaines montagneuses (ex : Alpes, Pyrénées, Andes, Himalaya.. ). Les grands déserts, les bras de mers en forment d'autres (pour les espèces continentales). Les océans et la majorité des mers sont physiquement interconnectés, mais les zones dépourvues de nutriment, pauvres en plancton ou à température, salinité ou profondeur spécifiques présentent des caractéristiques qui leur confèrent une fonction de barrière pour certaines espèces (coralliennes par exemple).

Ces barrières ne peuvent être traversées en les contournant ou, dans le cas des montagnes, par les cols et/ou par certaines espèces (oiseaux surtout). Les oiseaux migrateurs étant eux-mêmes porteurs de divers parasites ou espèces involontairement transportées, quelquefois sous forme d'œuf ou de spore, ils contribuent deux fois par an à transporter divers organismes, qui ne forment cependant qu'une infime part de la biodiversité.

Pour les espèces continentales, dans un bassin versant normal (illustration), ce sont les fleuves qui s'ils sont des corridors biologiques pour certaines espèces, sont les principales barrières naturelles. Les rivières sont des obstacles moins importants et les ruisseaux encore moindres. La plupart des espèces, après un certain temps peuvent traverser ou contourner les fleuves. Dans la nature le bassin versant est entièrement potentiellement accessible à de nombreuses espèces. Pour les espèces qui traversent difficilement un canal ou une route, ou sont incapables de traverser un champ traité par des pesticides, le paysage anthropisé, tel qu'il se développe depuis quelques décennies devient une succession d'obstacles plus ou moins infranchissables.

L'Homme prend progressivement conscience qu'il est à l'origine de nombreuses et nouvelles barrières écologiques qui sont soit des zones impropres à la vie de nombreuses espèces, soit des zones simplement défavorables à la circulation et/ou à la reproduction des espèces. Elles peuvent être matérielles et visibles (un mur, une ligne de TGV ou une autoroute en France munis d'une double-clôture), mais elles sont fréquemment invisibles à nos yeux (on les dit alors quelquefois «immatérielles»). Il est possible que tous les types de barrière écologique ne soient pas encore identifiés.

Effets de bordure

Saunders et ses collègues en 1991, puis Collinge en 1996 montrent que les bordures artificiellement créées par la fragmentation subissent des altérations immédiates de facteurs importants tels que température, hygrométrie, vent, luminosité/albédo, odeurs qui perturbent ou bloquent les déplacements de certaines espèces. D'autres facteurs sont fréquemment altérés à moyen et plus long terme (qualité de sol et de l'eau, niveau de la nappe, qualité de l'air, bruit/dérangement, etc. ). Ces effets-lisière perturbent d'abord les communautés animales, fongiques et végétales qui se trouvent à proximité de la lisière des îles ou îlots isolés par le phénomène de fragmentation. Ranney et ses collègues en 1981, et Chen et son équipe en 1992 ou Matlack en 1993 démontrent ce fait, notant par exemple, que des "effets lisières" sont nettement mesurables dans les forêts nord-américaines fragmentées sur 15 à 240 mètres selon les espèces animales et végétales étudiées.

Le drainage et les pompages effectués dans la "matrice" écopaysagère peuvent - suite à la baisse de la nappe - bouleverser l'écologie d'un îlot qui semblait a priori épargné, et ce bien au-delà de ses lisières, jusqu'en son cœur et en profondeur[11].

Distance entre fragments

La distance entre fragments est un élément important de la théorie modèle de l'insularisation. Elle formait un des indices de fragmentation[12], pratique pour la cartographie SIG. Néanmoins, dès 1986, Forman & Godron 1986 admettent que dans la réalité, l'effet de la distance entre fragments est relatif. Il varie selon les espèces (ubiquistes, volantes, nageant... ou spécialisées et inaptes aux grands déplacements). Et il est plus ou moins réduit ou à surpondérer selon d'autres facteurs, tels que :

Taille, volume et forme des fragments

Elles influent sur la gravité relative des effets de bordure, pour des raisons géométriques surtout, et en fonction de leur exposition au vent, soleil, pluies, etc. Les petits fragments ou fragments allongés et trop fins seront les plus affectés par les effets de bordure, car ils ne disposent plus en leur centre d'importantes superficies intactes (quelquefois dites "cœur d'habitat"[13]).

Exemple : Morcellement par les réseaux de transport

Les infrastructures les plus opaques aux déplacements animaux et végétaux ou à haut risque de roadkill (mortalité animales par collision avec véhicules) restent le réseau de transport routier, autoroutier et ferroviaire (ligne TGV). Le réseau routier et autoroutier mondial continue à croître rapidement. Son maillage se densifie, s'interconnecte et les routes sont de plus en plus larges et «artificialisantes». Le nombre de passages à faune est de très loin inférieur aux besoins. L'impact morcelant des routes a été très sous-estimé, mais on ne s'en est aperçu que très récemment. Faute d'être capable de le quantifier, les études d'impact continuent à le minimiser. Pour les petits mammifères, les insectes, les micro-organismes et certaines plantes, le problème est le plus souvent purement et simplement éludé.

Pour toutes ces raisons le réseau routier interdit la circulation transversale et longitudinale de nombreuses espèces. Ce faisant, il perturbe fortement les diffusions et les flux naturels de gènes indispensables au fonctionnement normal des écosystèmes. La fragmentation des écosystèmes est aussi responsable de la perte de diversité génétique : les espèces, confinées dans des habitats de plus en plus restreint sont condamnés à l'endogamie, ce qui provoque des problèmes de consanguinité et de dérive génétique.

Les réseaux d'infrastructures et l'urbanisation qu'ils encouragent continuent en outre à consommer de l'espace naturel agricole (l'équivalent surface de deux départements serait déjà imperméabilisé et par conséquent transformé en quasi-désert biologique ou espace écologiquement très appauvris en France ; l'imperméabilisation qui présente quelques avantages pratiques à court terme, se paye en sécheresse, en inondation et en érosion, en pollution et en nuisances de toutes sortes).

Quelques rares espèces de micro-mammifères ou d'oiseaux (pies, corneilles, étourneaux, pigeons, faucons crécerelles) ont trouvé le long des routes des milieux de substitution. Le réseau routier est néanmoins de plus en plus hostile et «imperméable» à la circulation de la faune et de la flore (les fossés de bétons, clôtures à petites mailles, murs anti-bruits, bordures, parapets, terre-pleins ou murets centraux étanche à la petite faune, drainage de la route et des berges, tranchées de plus en plus larges, fauchage fréquent, utilisation de pesticides et d'inhibiteurs de croissance, cumulent leurs effets respectifs. )

Certaines espèces sont reconnues comme particulièrement utiles ou importantes pour le fonctionnement des écosystèmes ainsi qu'à ce titre protégées par la loi. Parmi elles, le hérisson et les amphibiens, dont respectivement plus d'un million et plusieurs millions d'individus sont encore annuellement victimes de la circulation, bien que leur nombre ne cesse de se diminuer. De la même manière, quelques espèces végétales ont été favorisées par les infrastructures, mais ce sont fréquemment des plantes banales, ubiquistes voire invasives (renouée du Japon, Balsamine, etc). Les plantations très homogènes (y compris génétiquement) des bords d'infrastructures ont aussi favorisé la diffusion de microbes ou parasites (ex : feu bactérien pour les rosacées qui étaient autrefois plantées sur les bords d'autoroutes).

En Afrique, et dans de nombreux pays en développement des bandes parallèles aux routes étaient utilisées le jour par les marcheurs, les ânes et les chevaux et autres animaux de bât qui longeaient les routes, servant à nuit un usage comme corridor biologique par certaines espèces sauvages. Souvent, surtout en raison d'accidents nombreux, les autorités tendent à élargir les routes ainsi qu'à supprimer ces accôtements vétgétalisés.

Solutions provisoires

Dispositif guidant les animaux vers un point de traversée
Dispositif guidant les animaux vers un point de traversée
Panneau alertant les automobilistes
Panneau alertant les automobilistes

Pour compter les amphibiens et les reptiles qui traversent la route et/ou pour les guider vers un batrachoduc (tunnel leur servant à traverser sous la route, plus en sécurité), des dispositifs provisoires collecteurs (de type panneaux, bâches ou filets à mailles très fines) peuvent être disposés sur les bords des routes à proximité des points connus de traversée au moment des migrations des amphibiens (le plus souvent des adultes se rendant à leur zone de ponte au printemps, ou en revenant). Ces dispositifs ne sont posés qu'au moment des migrations et les animaux collectés dans des seaux sont transportés de l'autre côté, ou ils sont permanents s'il existe un batrachoduc. Les tritons sachant escalader une paroi verticale lisse, un rebord est fréquemment prévu sur la partie haute. Des écoducs peuvent ensuite être situés aux points judicieux, qu'on peut aussi avoir repéré en comptant les cadavres d'animaux.
Ces dispositifs, s'ils ne sont pas aussi correctement enterrés sont quelquefois moins efficaces pour les jeunes de l'année qui retournent dans les milieux boisés ou prairiaux, ne mesurant que quelques millimètres, ils passent quelquefois sous les plaques rigides censées les guider et meurent dans ce cas nombreux, déshydratés ou écrasés sur la route.

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

Notes

  1. ZACHOS F. E., ALTHOFF C., STEYNITZ Y. V., ECKERT I., HARTL G. B. [2007]. Genetic analysis of an isolated red deer (Cervus elaphus) population showing signs of inbreeding depression. European Journal of Wildlife Research 53 : 61-67 (7 p., 2 fig., 2 tab., 61 réf. ). Pour lire l'article : European Journal of Wildlife Research (www. springerlink. com/content/1439-0574/
  2. Hanski I, Saccheri I (2006) Molecular-Level Variation Affects Population Growth in a Butterfly Metapopulation. PLoS Biol 4 (5)  : e129 doi :10.1371/journal. pbio. 0040129
  3. Hanski I (1999) Metapopulation ecology New York : Oxford University Press. 313 p.
    Nieminen M, Siljander M, Hanski I (2004) Structure and dynamics of Melitæa cinxia metapopulations. In : Ehrlich PR, Hanski I, editors. On the wings of Checkerspots : A model system for population biology New York : Oxford University Press. pp 63–91.
  4. source : OFFH ; Observatoire de la faune, de la flore et de ses habitats
  5. Cf. Forman 1995, Vos et al. 2001
  6. Haila & Hanski 1984; Sisk & Haddad 2002
  7. Haila & Hanski 1984; Wilcove et al. 1986; Saunders et al. 1991; Debinski & Holt 1999
  8. Gascon & Lovejoy 1998; Gilfedder & Kirkpatrick 1998; Ås 1999; Jules et al. 1999; Kemper et al. 1999; Jules & Shahani 2003
  9. http ://pdbff. inpa. gov. br/iprojand4. html#2
  10. SONG SPARROW (MELOSPIZA MELODIA) SONG VARIES WITH URBAN NOISE (The Auk 123 (3)  :650–659,2006 American Ornithologists'Union, 2006. Biology Department, Reed College, 3203 SE Woodstock Boulevard, Portland, Oregon 97202, USA.
  11. Jean & Bouchard 1993; Findlay & Houlahan 1997
  12. MacArthur & Wilson 1967; Wilson & Willis 1975; Simberloff & Abele 1976; Gilpin & Diamond 1980
  13. Forman & Godron 1986; Soulé 1991; Forman 1995

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"... de facteur de fragmentation."

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