Eutrophisation
L'eutrophisation d'un milieu aquatique, tel que cours d'eau ou mares, désigne initialement sa richesse en éléments nutritifs, sans connotation négative.
Définitions :
- (Eutrophication) (source : qc.ec.gc)
- Développement rapide des végétaux d'eau douce ou de mer, dans les zones littorales. Cela provoque une diminution de l'oxygène et l'asphyxie des poissons. Ce phénomène est dû à un apport excessif d'éléments nutritifs d'origine naturelle ou accidentelle (rejet d'engrais). (source : fnh)
- Processus de pollution qui se produit lorsque un lac, une rivière ou une zone côtière devient trop riche en nutriment de plante ; en conséquence, il devient trop peuplé en algue et autres plantes aquatiques. Les plantes meurent et se décomposent.... (source : fr.wiktionary)
L'eutrophisation d'un milieu aquatique, tel que cours d'eau ou mares, désigne initialement sa richesse en éléments nutritifs, sans connotation négative. À partir des années 1970, le terme a été employé pour qualifier la dégradation des grands lacs comme le lac d'Annecy, le lac du Bourget ou le lac Léman par excès de nutriments. Il a actuellement un sens proche de dystrophie et vient fréquemment comme qualificatif de sens négatif pour des milieux aquatiques d'eau douce ou marins.
Un milieu aquatique pauvre en éléments nutritifs est dit oligotrophe ; dans le cas intermédiaire, on qualifie le milieu de mésotrophe. Étant donné que les facteurs naturels produisent des milieux plus ou moins chargés en nutriments en dehors de toute intervention humaine, l'état d'eutrophisation d'un milieu aquatique doit être apprécié en fonction de sa nature et ne peut pas se baser sur des indicateurs absolus.
L'eutrophisation est aussi une des étapes du processus naturel qui transforme lentement les lacs peu profonds en marais, puis en prairie ou en mégaphorbiaies et finalement en forêt. Le comblement d'une mare ou d'un marais est très accéléré par la présence de nutriments artificiels, par la proximité d'arbres (Cf. feuilles mortes), mais également par l'absence de faune se nourrissant dans l'eau tout en exportant les nutriments (Ex : amphibiens, canards ou élan mangeant des algues, des invertébrés, et des plantes aquatiques, par dizaines de Kg par jour dans le cas de l'élan). L'atterrissement d'une petite mare en sous-bois peut se faire en quelques décennies, alors que les lacs naturels se comblent eux en dizaines de milliers voire en millions d'années.
Les causes de l'eutrophisation
L'eutrophisation est l'expression du déséquilibre qui résulte d'un apport excessif de nutriments : azote (des nitrates par exemple), carbone (carbonates, hydrogénocarbonates, matières organiques... ) et phosphore surtout. Le phosphore étant le plus souvent le facteur limitant dans les milieux aquatiques naturels (loi de Liebig), ce sont ses composés, surtout les phosphates (orthophosphates, polyphosphates) qui permettent l'emballement du processus. Ce milieu déséquilibré, dystrophe, devient dans ce cas hypertrophe.
Ce processus a comme principales origines :
- des épandages agricoles excessivement riches en engrais (azote et phosphore)
- des rejets industriels ou urbains richest en nitrates, ammonium, matière organique non traitée, la présence de polyphosphates dans les lessives font de l'eutrophisation un processus fréquent, atteignant même les zones océaniques, pouvant provoquer l'extension de zones mortes), ou le développement d'algues toxiques, telles Dynophysis , sur les littoraux, par exemple en Bretagne (France). Algues toxiques étant essentiellement dues au rejet du lisier provennant des élevages de porc, très nombreux en Bretagne.
Dans l'acception courante, l'eutrophisation est par conséquent fréquemment synonyme de pollution, bien que cette dernière puisse revêtir bien d'autres aspects : contamination biologique (bactéries, parasites... ), chimique (pesticides, métaux, solvants... ) ou physique (chaleur, radionucléides... ).
La pêche en milieux fermés ou cours d'eau très lents (canal.. ) est une cause d'eutrophisation quand les réempoissonnement sont excessifs et que des boules d'amorce sont jetées dans des étangs fermés, canaux ou cours d'eau à courant lent. Une étude récente a montré que la pêche en mer est aussi à l'origine d'un impact important sur le cycle marin de l'azote.
Faibles doses d'azote et biodiversité
Une étude[1] longue (sur 20 ans) a montré que les engrais azotés agricole ont aussi un impact négatif sur la biodiversité lorsque il ne sont utilisés qu'en faible quantité.
Pour cela les chercheurs ont comparé la biodiversité de parcelles agricoles fertilisées avec de faibles doses d'azote, à d'autres non fertilisées servant de témoin, et ceci durant 20 ans. Le nombre d'espèces végétales des parcelles ayant reçu de faibles doses d'azote a chuté de 17 % comparé au parcelles-témoin. Cet effet semble cependant réversible, puisque sur les parcelles où l'apport d'azote a été interrompu après 10 ans, un redressement significatif du nombre d'espèces a été observé.
Les milieux touchés par l'eutrophisation
L'eutrophisation peut atteindre les eaux douces, saumâtres et salées, le milieu marin comme les milieux continentaux, les eaux profondes comme les eaux superficielles, et surtout :
- Les eaux dormantes (mares riches en feuilles mortes ou collectant des eaux usées, des eaux polluées par des engrais, étangs, lacs, lagunes.. )
- Les cours d'eau ayant un débit faible ou qui accueillent des effluents trop riches ou en trop grandes quantités issus par exemple, d'exploitations agricoles, humaines ou industrielles ;
- Les estuaires, golfes, baies et autres étendues semi-fermées sont particulièrement touchés, car situés en aval des bassins versants. Ainsi l'ONU alertait en 2003 dans son rapport GEO 3 sur le fait qu'en 1998, plus de 60 % des estuaires et baies des États-Unis étaient «modérément ou gravement dégradés par la contamination causée par les éléments nutritifs», surtout à cause des apports d'azote essentiellement[2]. Une centaine de zones mortes sont apparues en mer, en aval des estuaires. La plus grande mesure plus de 20 000 Km2, en aval du Mississipi.
Le processus
L'eutrophisation peut se décomposer en quelques étapes :
- des nutriments, surtout les phosphates et les nitrates issus de l'agriculture, sont déversés en grande quantité dans le milieu aquatique ;
- les eaux ainsi enrichies permettent la multiplication rapide des végétaux aquatiques, surtout la prolifération d'algues, (efflorescence algale, ou bloom) ;
- le stock d'oxygène étant très limité dans l'eau (environ 30 fois moins que dans le même volume d'air), celui-ci est rapidement épuisé lors des périodes pendant lesquelles la respiration des organismes et la décomposition des matières produites excède la production par photosynthèse et les échanges possibles avec l'oxygène atmosphérique.
Le développement éventuel de plantes flottantes — telles les lentilles d'eau (Lemna sp. ) , empêche le passage de la lumière par conséquent la photosynthèse dans les couches d'eau inférieures, et gêne aussi les échanges avec l'atmosphère ;
- le milieu devient dans ce cas aisément hypoxique puis anoxique, favorable à la naissance de composés réducteurs et de gaz délétères (thiols, méthane) ;
- il peut en résulter la mort d'organismes aquatiques aérobies — insectes, crustacés, poissons, mais également végétaux —, dont la décomposition, consommatrice d'oxygène, augmente le déséquilibre.
Les effets de l'eutrophisation
Les inconvénients principaux de l'eutrophisation sont la diminution de la biodiversité et de la qualité de l'eau comme ressource. Elle a des effets négatifs sur le tourisme (avec fréquemment comme conséquences visibles la perte de transparence, développement d'odeurs et envasement), qui sont des indices de problèmes :
- augmentation du volume d'algue ;
- augmentation de la biomasse du zooplancton gélatineux ;
- dégradation des qualités organoleptiques de l'eau (aspect, couleur, odeur, saveur) ;
- envasement plus rapide, et apparition de vase putride, sombre et malodorante.
- développement de phytoplancton toxique ;
- développement de pathogènes par diminution de la pénétration des UV qui ont un pouvoir désinfectant.
- diminution de l'indice biotique ;
- diminution de la biodiversité (animale et végétale) ;
- diminution du rendement de la pêche (quoique l'effet puisse être contraire) ;
Parfois les algues peuvent boucher les prises d'eau, les filtres, entraver le fonctionnement d'écluses voire du moteur de petits bateaux pour les algues filamenteuses
Le cas des grands lacs
Dans les années 1950 à 1970, les grands lacs étaient devenus les déversoirs naturels d'égouts des villes environnantes. Riche en azote et phosphore, l'urine des habitants suffisait à fortement dégrader la qualité du milieu aquatique. À cela s'ajoutaient d'autres pollutions comme celles des nombreux engins à moteur de l'époque, très polluants, qui pouvaient contaminer les eaux par le lessivage de leurs fumées et leurs rejets d'huile.
Le remède
L'eutrophisation est un révélateur témoignant de la limite des capacités épuratrice des milieux aquatiques. Des moyens de lutte sont nécessaires et existent :
- diminuer l'utilisation de polluants eutrophisants dès l'amont du bassin versant ;
- diminuer l'utilisation de pesticides et leur arrivée dans les cours d'eau où, en tuant de nombreux organismes, ceux-ci peuvent contribuer à l'eutrophisation ;
- utiliser rationnellement les engrais en agriculture (analyser la valeur agronomique des sols et privilégier les engrais naturels) ;
- aménager des bassins versants reconstituant des réseaux de bocage, talus, haies, et bandes enherbées, suffisants en taille et cohérents avec le relief et la pédologie ; le ruissellement des eaux pluviales peut faciliter l'entrainement de nutriments comme le phosphore qui seront mieux retenus si les capacités d'infiltration du sol sont restaurées ;
- remplacer les phosphates des lessives par des agents anti-calcaires sans impact sur l'environnement, tels les zéolites ;
- mieux éliminer l'azote et le phosphore dans des stations d'épuration (qui peuvent être équipées de procédés de dénitrification et de déphosphatation).
Voir aussi
Références
- ↑ étude parue dans la revue Nature, début 2008
- ↑ page ONU de GEO 3 sur l'eutrophisation (d'après chiffres de NOAA, 1998 ; Howarth et al. 2000)
Liens externes
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