Monoxyde d'azote

Le monoxyde d'azote ou oxyde azotique ou oxyde nitrique ou N O est un composé chimique formé d'un atome d'oxygène et d'un atome d'azote.

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Monoxyde d'azote
Général
Nom IUPAC Monoxyde d'azote
N° CAS 10102-43-9
Apparence Gaz incolore
Propriétés chimiques
Formule brute NO  [Isomères]
Masse molaire 30,006148 gmol-1
Propriétés physiques
T° fusion 109 K (-164 °C)
T° vaporisation 121 K (-152 °C)
Solubilité 0.0056 g dans 100 g d'eau
Densité 1.3 kg/l (liquide)
Thermochimie
S0gaz, 1 bar 211 J/Mol·K
ΔfH0gaz 90 kJ/Mol
ΔfH0liquide 87,7 kJ/Mol
Précautions
Inhalation Dangereuse, peut conduire à la mort
Peau Irritant
Yeux Peut causer des irritations
Ingestion Utilisé à des fins thérapeutiques, mais présente des effets indésirables et est dangereux en surdosage
Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

Le monoxyde d'azote ou oxyde azotique ou oxyde nitrique ou NO est un composé chimique formé d'un atome d'oxygène et d'un atome d'azote. C'est un gaz dans les conditions normales de pression et de température. C'est un important neurotransmetteur chez les mammifères et l'un des rares neurotransmetteurs gazeux connu.

Le monoxyde d'azote (NO), ne doit pas être confondu avec d'autres oxydes d'azote, tel le monoxyde de diazote N2O, qu'on nomme gaz hilarant, et qui est un anesthésique général, ou encore tel le dioxyde d'azote NO2, gaz rouge-brun extrêmement irritant et nocif, qui se forme par oxydation rapide de NO par l'oxygène de l'air.

Sa grande réactivité vis-à-vis des composés radicalaires comme l'oxygène moléculaire - qui est un biradical - ou l'anion superoxyde est due au fait qu'il est lui-même un composé radicalaire - son spin électronique total vaut 1/2. En milieu biologique, son temps de demi-vie est estimé entre 1 et 5 secondes [1], voire 30 secondes[2]. Les peroxynitrites obtenus sont de puissants agents oxydants et nitrants [3].

Équation chimique de synthese de peroxynitrite

Production et effets environnementaux

À haute température, le diazote et le dioxygène réagissent pour donner le monoxyde d'azote, par exemple sous l'effet de la foudre. L'activité humaine a radicalement modifié la production de monoxyde d'azote, qui se forme dans les chambres de combustion des moteurs à explosion. Un des buts des pots d'échappement catalytiques est d'inverser cette réaction.

Propriétés[4]

Les propriétés chimiques du monoxyde d'azote sont très nombreuses. Ce qui suit est une bref survol de ses méthodes de préparation et de sa réactivité.

Préparation

Le monoxyde d'azote est formé à partir des éléments à haute température, ainsi qu'il l'a été indiqué plus haut.

Il peut être synthétisé au laboratoire selon les réactions d'oxydoréduction suivantes, où un dérivé azoté de degré d'oxydation supérieur à +II (acide nitrique : +V ; acide nitreux : + III) est traité par le réducteur adéquat. Toutes ces réactions doivent être mise en œuvre en l'absence d'oxygène, car celui-ci oxyde rapidement NO en dioxyde d'azote.  :

Ainsi la réduction de l'acide nitrique par le cuivre

8HNO3 + 3Cu → 3Cu (NO3) 2 + 4H2O + 2NO

ou celle de l'acide nitreux (formé in situ) par les ions iodure ou ferreux

2NaNO2 + 2NaI + 2H2SO4 → I2 + 4NaHSO4 + 2NO

2NaNO2 + 2FeSO4 + 3H2SO4 → Fe2 (SO4) 3 + 2NaHSO4 + 2H2O + 2NO

La réaction précédente est une méthode simple permettant d'obtenir NO au laboratoire.

Le monoxyde d'azote peut aussi être obtenu en milieu anhydre grâce à la réduction de nitrates et de nitrites par le chrome III :

3KNO2 (l) + KNO3 (l) + Cr2O3 (s) → 2K2CrO4 (s) + 4NO

La synthèse industrielle de NO consiste en l'oxydation de l'ammoniac par l'oxygène de l'air en présence de mousse de platine vers 750-900°C.

Réactivité

Le diagramme de Frost à pH =0 de l'azote montre bien que le monoxyde d'azote est instable et qu'il devrait se dismuter en diazote et en acide nitrique. Il est en fait très aisément oxydé en dioxyde d'azote, plus stable, par l'oxygène de l'air. C'est pourquoi on observe les vapeurs rousses de ce dernier gaz quand on oxyde le cuivre par l'acide nitrique concentré.

Une hypothèse plausible est que le biradical O2 se lie à deux radicaux NO pour donner ON-OO-NO, qui subit ensuite une rupture homolytique conduisant à NO2.

Cependant, en l'absence d'oxygène, il se dismute vers 50°C en N2O (monoxyde de diazote ou gaz hilarant et NO2 (vapeurs rousses). À 25°C, la vitesse de la réaction est quasiment nulle, et NO y est métastable.

En solution aqueuse, NO se dissout pour donner de l'acide nitreux HNO2, selon le schéma réactionnel possible suivant :

4NO + O2 + 2H2O → 4HNO2

NO réagit avec le difluor, le dichlore et le dibrome pour donner des composés du type X-NO, connus sous le nom d'halogénures de nitrosyle. L'iode est trop peu oxydant pour donner lieu à la formation d'iodure de nitrosyle.

L'iodotrifluorocarbone réagit avec NO pour donner un des rares gaz bleus connus, le nitrosotrifluorocarbone :

NO + CF3I → I2 + CF3NO

La vitesse de formation de l'ion peroxynitrite à partir du monoxyde d'azote et de l'ion superoxyde est de 1,9.1010 mol-1s-1, ce qui implique la présence de peroxynitrite in vitro et in vivo au moindre excès de ses deux précurseurs [5].

Le monoxyde d'azote est aussi un ligand [6]

La molécule de monoxyde d'azote est apparentée à celle du monoxyde de carbone CO, avec la différence qu'il comporte un électron supplémentaire, qui occupe une orbitale p antiliante. C'est ainsi que NO forme des complexes du même type que ceux formés avec CO, l'angle de la liaison M-N=O étant quasiment égal à 180° - en réalité cet angle varie entre 160° et 180°.

Ces complexes sont par conséquent reconnus comme linéaires. Dans ce cas, l'azote engage formellement son doublet libre dans la liaison de coordination. Cependant, l'azote est oxydé car il donne son électron célibataire au métal qu'il coordine et qui est par conséquent réduit. Ainsi les complexes tétracarbonylonickel, nitrosylotricarbonylocobalt et dicarbonylodinitrosylofer sont-ils isostructuraux (tétraédriques) car isoélectroniques.

NO peut former des complexes en ne donnant qu'un seul électron au métal. Cela conduit à un groupe M-N-O où l'angle de liaison est compris entre 120° et 140°.

Il peut aussi jouer le rôle de pont entre deux centres métalliques par le biais de l'azote.

Réactions des complexes nitrosyle

La chimie des composés de coordination de NO est vaste et ne sera abordée que brièvement. Par exemple NO s'insère entre le niobium et un ligand méthyle dans la réaction suivante :

Image:NO Nb.png

Caractérisation du NO coordiné

Les NO terminaux peuvent être reconnus par leur absorption infrarouge intense à 1610 cm-1. Les nombres d'onde d'absorption IR des dérivés angulaires sont inférieurs.

Analyse quantitative

L'analyse quantitative du monoxyde d'azote met en œuvre une simple réaction chemiluminescente avec l'ozone [7].

Un échantillon contenant NO est mélangé avec une quantité d'ozone en excès. Le monoxyde d'azote réagit en formant de l'oxygène et du dioxyde d'azote. La réaction libère aussi de l'énergie sous forme d'ondes électromagnétiques dans le visible : c'est la chemiluminescence. L'intensité de la lumière produite, mesurée grâce à un photodétecteur, est proportionnelle à la quantité de monoxyde d'azote.

On peut aussi doser par diverses méthodes électrochimiques (potentiométrie avec le permanganate de potassium [8], polarographie)

Applications techniques

Fonctions biologiques[9]

Schéma de synthese du monoxyde de carbone

NO est une molécule endogène libérée par les cellules endothéliales, les macrophages, les cellules du foie et les neurones.

Dans l'organisme le monoxyde d'azote remplit plusieurs fonctions.

Il est synthétisé naturellement par le corps à partir de la L-arginine et de l'oxygène par plusieurs enzymes dites NO synthases (NOS), qui sont des hémoprotéines[10] proches du cytochrome P450. Le catalyseur de l'oxydation par l'oxygène du groupement iminourée de l'arginine est par conséquent le fer de l'hème qui passe du degré d'oxydation + II au degré + III et vice-versa.

La liaison du NO aux thiols de bas poids moléculaire - tels que le glutathion - conduit à la formation de S-nitrosothiols qui formeraient un déterminant important pour l'activité et le transport du NO. Ces composés peuvent subséquemment agir comme donneurs de NO et ainsi augmenter substantiellement sa demi-vie [11].

L'activité cellulaire du monoxyde d'azote passe par deux voies essentielles, celle qui consiste en la production de Guanosine monophosphate cyclique intra-cellulaire (GMPc) à partir de la Guanosine triphosphate (GTP), et la formation de peroxynitrites cytotoxiques [12]. L'augmentation de la concentration de GMP cyclique passe par l'activation d'une guanylate cyclase cytoplasmique (non membranaire).

vasodilatateur

L'endothélium des vaisseaux sanguins se sert du NO pour déclencher le relâchement de sa tunique de muscle lisse, provoquant ainsi une vasodilatation et un accroissement du débit sanguin et une diminution de l'agrégation des plaquettes sanguines (thrombocytes) . On pense que ce mécanisme est indispensable à la préservation de l'endothélium. Chez une grande proportion d'humains, cette synthèse de NO se révèle insuffisante, augmentant par là même leur risque de présenter une maladie cardio-vasculaire. Ce mécanisme explique l'utilisation des dérivés nitrés comme la trinitrine dans le traitement de ces mêmes maladies cardiaques : Ces médicaments sont transformés en NO, d'une manière non encore complètement élucidée, qui à son tour dilate les artères coronaires, vaisseaux sanguins irriguant le cœur, augmentant son apport sanguin.

L'ERF (endothelium relaxing factor) est le nom ancien du NO. D'anciens médecins avaient remarqué son rôle vasodilatateur mais ne l'avaient pas encore identifié chimiquement.

microbicide

Les macrophages, cellules du système immunitaire, produisent du NO dans l'objectif d'éliminer des bactéries pathogènes, NO qui peut, dans certaines circonstances, provoquer des effets secondaires nuisibles : c'est le cas dans les infections fulminantes dites septicémies, où la production excessive de NO par les macrophages conduit à une vaso-dilatation massive, cause principale de l'hypotension rencontrée dans le choc septique.

neurotransmetteur

Le NO joue le rôle d'un neurotransmetteur entre cellules nerveuses. À la différence de la majorité des autres neurotransmetteurs, dont l'action dans la fente synaptique a pour cible unique le neurone post-synaptique, la petite molécule de NO diffuse largement et peut atteindre plusieurs neurones environnants, y compris des neurones non inter connectés par des synapses. On pense que ce processus est impliqué dans la mémorisation en assurant la mémorisation à long terme.

relaxant des muscles lisses

Le NO est présent dans plusieurs organes du tube digestif comme neuro-transmetteur non-adrénergique, non-cholinergique. Il est responsable de la relaxation des muscles lisses de l'appareil gastro-intestinal. En spécifique il accroît la capacité de l'estomac à stocker des liquides alimentaires.

régulateur de l'apoptose

Le monoxyde d'azote est un régulateur essentiel de l'apoptose cellulaire. Il peut avoir un effet antiapoptotique, ou, inversement, un effet apoptotique[13]. Cette bascule est intimement liée à la présence ou non de réducteurs cellulaires tels de glutathion.

En présence d'un taux élevé d'ion superoxyde O2-, le monoxyde d'azote permet la formation d'ion peroxynitrite[14], certainement responsable de la modification du potentiel de membrane mitochondrial mais aussi de nombreux phénomènes d'apoptose cellulaire, surtout celle des cellules du système immunitaire[15], [16].

Donneurs exogènes de NO

Ce sont des substances comportant une ou plusieurs liaisons azote - oxygène, azote - azote ou inhibant la destruction de NO (viagra). On y retrouve les nitrates, nitrites, dérivés nitrés, azotures,... [17], [18]

Utilisations thérapeutiques[19]

La découverte des propriétés biologiques du NO dans les années 1980 fût totalement inattendue et provoqua une certaine agitation. Le journal Science appela le NO «Molécule de l'année» en 1992, une Société savante du NO fut créée et une revue scientifique entièrement consacrée au NO parut. Le Prix Nobel de Médecine et de Physiologie[20] fut remis en 1998 à Ferid Murad, Robert F. Furchgott, et Louis J. Ignarro pour leurs travaux sur les fonctions de neurotransmission du NO. Ces travaux sont à l'origine de la fondation de la société pharmaceutique française Nicox. On estime à 3000 par an la parution d'articles scientifiques sur le rôle en Biologie du monoxyde d'azote.

Sécurité

Référence ONU pour le transport de matières dangereuses :

Notes et références

  1. Gabbai, F. B., Garcia, G. E. et al. Role of nitric oxide in glomerular physiology and pathophysiology. Adv Nephrol Necker Hosp 24,3-18 (1995)
  2. Schrœder, R. A. & Kuo, P. C. Nitric oxide : physiology and pharmacology. Anesth Analg 81,1052-9 (1995)
  3. Enthalpie d'isomérisation de l'ion peroxynitrite en nitrate
  4. R. B. King; Inorganic Chemistry of Main Group Elements, VCH Publishers, New York, 1995.
  5. F. A. Cotton, G. Wilkinson, C. A. Murillo, M. Bochmann; Advanced Inorganic Chemistry, 6th ed. Wiley-Interscience, New York, 1999.
  6. Fischer G & Becknell D ; Anal. Chem., 44, 863,1972
  7. Kieselbach, Ind. Eng. Chem., Anal. Ed., 16, 766,1944
  8. Pharmacorama ; Monoxyde d'azote
  9. Nitric oxide synthase is a cytochrome P-450 type h... [Biochemistry. 1992] - PubMed Result
  10. Andrews, K. L., Triggle, C. R. et al. NO and the vasculature : where dœs it come from and what dœs it do? Heart Fail Rev 7,423-45 (2002)
  11. Métabolisme du monoxyde d'azote
  12. Nitric oxide as bifunctional regulator of apoptosis
  13. Contrasting effects of NO and peroxynitrites on HSP70 expression and apoptosis in human monocytes; Adrie C & al. Am J Physiol Cell Physiol 279 :452-460,2000.
  14. Functional studies of an HIV-1 encoded glutathione peroxidase
  15. NO and NO-donors
  16. Sodium azide as indirect nitric oxide donor : researches on the rat aorta isolated segments ; Ukr Biokhim Zh. 2005 Jul-Aug;77 (4)  :120-3
  17. Utilisation clinique de l'oxyde nitrique ; Olson G.
  18. 1998 Prix Nobel de Médecine pour la découverte du rôle de NO dans la régulation cardiovasculaire

Voir aussi

Liens externes

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