Habitat
L'habitat est un concept utilisé dans le domaine de l'écologie pour décrire l'endroit - ou plus exactement les caractéristiques du «milieu» - dans lequel une population d'individus d'une espèce donnée (ou d'un groupe d'espèces symbiotes ou vivant en guilde.
Définitions :
- Milieu dans lequel vit une espèce végétale ou animale. (source : abceze)
- Milieu de vie dans lequel évolue un individu ou un groupe d'individus. (source : habitation.gouv.qc)
- le lieu ou type de site dans lequel un organisme ou une population existe à l'état naturel. (source : admin)
L'habitat est un concept utilisé dans le domaine de l'écologie pour décrire l'endroit - ou plus exactement les caractéristiques du «milieu» - dans lequel une population d'individus d'une espèce donnée (ou d'un groupe d'espèces symbiotes ou vivant en guilde... ) peuvent normalement vivre et s'épanouir ;
Il faudrait normalement parler de l'habitat d'une population plutôt que d'une espèce ou d'un "organisme", car s'il est par exemple possible de décrire exactement l'habitat d'un seul ours des Pyrénées, l'espèce Ursus arctos devrait être formée d'une «métapopulation» divisée en nombreux groupes dindividus (sous-populations) vivant dans des habitats plus variés que ceux dans lesquels les derniers individus de cette espèce tentent de survivre ; cette espèce était autrefois commune dans toute l'Europe, des littoraux aux basses-montagnes. En termes de biotopes, les pyrénées ne sont en rien représentatifs de leur habitat optimal. Ils ne forment que leur dernier refuge, celui où ils ont été le moins traqués et chassés.
L'habitat est par conséquent un élément ou d'un ensemble d'éléments du paysage qui offre les ressources suffisantes pour permette à une population d'une espèce de vivre et se reproduire normalement sur ce territoire ; Certains auteurs estiment qu'un habitat (par ce qu'il évolue) n'implique pas une viabilité à long terme pour l'espèce qui y vit, mais au moins une viabilité à court terme[1].
Par extension, le concept peut inclure des milieux artificiels susceptibles de jouer une rôle de subsitution en autorisant la survie provisoire d'une espèce (le bocage est artificiel, mais forme un bon habitat de substitution pour de nombreuses espèces des lisières forestières), ou des milieux nécessaires à leur survie et cycle de reproduction, par exemple s'il joue le rôle d'un corridor biologique ou d'un refuge transitoire), le milieu qui lui apporte de quoi subvenir à ses besoins.
Toujours par extension, le mot peut qualifier la somme des caractéristiques spécifiques du domaine de vie d'une espèce, défini par des facteurs abiotiques et biotiques, spécifiques de l'espèce à l'un des stades de son cycle biologique, ou pour tout son cycle. ce concept a une dimension spatiale forte (une taille trop petite rend un habitat non viable pour une espèce qui n'y trouverait plus les conditions de sa survie. Au delà on parle fréquemment d'habitat relictuel). L'habitat a aussi une dimension volumétrique importante pour les organismes capables de voler ou se déplacant sous l'eau), et une dimension temporelle et biogéographique.
Depuis 40 000 ans, la majorité des phénomènes de régression de la biodiversité et extinction d'espèces semblent directement corrélées aux effets des activités de population humaine, avec une accélération depuis la naissance de l'agriculture et de son industrialisation[2], [3], [4].
La destruction, l'altération et la fragmentation des habitats par l'Homme sont des causes majeures de disparition d'espèces et de régression de la biodiversité. Meffe & Carroll (1997) estiment que se sont les principales menaces pour la biodiversité ;
Réalité plus complexe et nuancée
Dans la réalité les limites d'un habitat peuvent être un peu floues, avec des passage doux d'un habitat à un autre habitat, ou plus fréquemment une mosaïque de milieux tous favorables (ou neutres) vis à vis de l'espèce reconnue.
Au sein d'un habitat (forestier par exemple), on trouve différents sous-ensemble (ou «micro-habitats»), qui évoluent dans le temps, et qui sont chacun plus ou moins «optimaux» pour l'espèce forestière reconnue.
Un habitat ou micro-habitat est dit «optimal» si dans cet élément de la mosaïque écopaysagère, la réussite reproductive (fitness) de l'espèce et optimale[5]. On parlera d'habitat sous-optimal, s'il s'agit d'un milieu de substitution (naturel ou artificiel) où l'espèce survit, mais difficilement et avec un succès reproductif anormalement bas. Les modifications anthropiques du paysage ont imposé à de nombreuses espèces de vivre dans des habitats dits «sous-optimaux» dans lesquelles elles peuvent survivre un certain temps, et avec un taux de reproduction ou une durée de vie diminuée.
- On a ainsi montré[6] dans les années 1980 qu'une espèce australienne menacée[7] ; le Râle de lord howe (Tricholimnas sylvestris ) qui, suite à l'introduction du sanglier par l'homme dans l'île où cet oiseau vivait, avait du pour survivre se réfugier dans un habitat sous-optimal (aux sommet de l'île). L'espèce y avait survécu, mais en régressant et en populations relictuelles, avec un taux de reproduction très diminué.
Une éradication du sanglier sur toute l'île a effectivement été rapidement suivi du retour de l'oiseau dans son habitat optimum, accompagné d'une succès reproducteur restauré.
Dans ce cas, l'habitat était physiquement systématiquement présent et apparemment optimal, mais il avait été rendu inaccessible à l'espèce par l'introduction d'une autre espèce, le sanglier.
Comment définir un habitat ?
Un habitat est le plus souvent défini comparé à une espèce (ex : l'habitat du Pic noir, qui implique la présence d'arbres morts ou colonisés par des organismes xylophages), soit comparé à une communauté cohérente et équilibrée d'espèces (guilde, écosystèmes) ; d'abord parce que les espèces dominantes modèlent fréquemment leur habitat, tout autant qu'elles sont contraintes par lui, ensuite parce que nombre d'entre-elles contribuent à le construire ou à le modifier en leur faveur (Par exemples les sphaignes qui résistent mieux que la majorité des autres plantes aux milieux acides, acidifient fortement les milieux où elles vivent, ce qui permet la persistance de tourbières à sphaignes sur des miliers d'années).
L'habitat peut ainsi être défini comparé aux espèces qui y sont inféodées.
Sauf précision contraire, on inclut le plus souvent les «habitats de substitution» mais aussi les gîtes ou substrats artificiels dans l'hatitat d'une espèces.
Pour certaines espèces des conditions de calme (silence, absence de dérangement) ou de qualité de la nuit (environnement nocturne protégé de la pollution lumineuse, s'ajoutent à celle du milieu physique et écologique).
Pour des espèces très ubiquistes, migratrices ou exploitant de vastes surfaces ou volumes de l'environnement, les limites ou caractéristiques d'un habitat sont quelquefois floues (ou arrêter l'habitat de la baleine grise ? l'habitat de l'hirondelle de fenêtre inclut-il ses corridors de migration ?... et toutes ses zones de nourrissage ?
Pour ces raisons, ce sont fréquemment les caractéristiques végétales d'un habitat qui sont retenues pour le définir et le décrire (de plus en plus fréquemment au moyen de la phytosociologie et en Europe des codes «Corine Biotope», en se basant sur le fait que les plantes reflètent en quelque sorte la nature ainsi qu'à l'évolution du milieu, du substrat et des écosystèmes. Dans ces classifications, un habitat (ex : Lande) est subdivisé en types d'habitats («lande acide à Bruyère», «lande paratourbeuse», «lande humide» ou «sèche»... )
Un habitat peut être un organisme, un super-organisme (ex : corail) ou un organe (ex : notre intestin abrite un ensemble de microorganismes symbiotes ou non pouvant peser jusqu'à plusieurs kg, dit «microbiote ». De nombreuses espèces très spécialisées (exoparasite, endoparasite, certains symbiotes ont pour habitat un organe ou l'organisme d'une autre espèce)
Enjeux de conservation de la nature
La conservation des habitats est l'enjeu central de la conservation de la Nature ; ils doivent subsister en nombre et taille suffisant, et avec une connectivité écologique suffisante et pertinente, dans le cas des mosaïques ou réseaux d'habitats. Leur intégrité écologique est aussi importante, alors qu'ils sont de plus en plus fragmentés ; c'est pourquoi dans le monde diverses stratégies et construction de remaillage écologique d'habitats par des corridors biologiques sont testées et/ou mises en œuvre, jusqu'aux échelles inférieures à celles des habitats.
Écologie et protection des habitats
Au XXe siècle, la conservation de la nature a évolué, passant de la notion de protection d'espèce à celle de protection de populations et de réseaux écologiques d'habitat, avec surtout la biologie de la conservation qui s'appuie sur la conservation conjointe des habitats et des espèces qui y vivent et les construisent et entretiennent..
Le World Wildlife Fund a cherché à représenter la surface terrestre en écorégions, zones géographiques, terrestres, marines ou d'eau douce. Afin de procéder à cette identification, WWF a divisé ces trois domaines (terrestre, marin et eau douce) en «type d'habitat principaux», qui peuvent décrire les différentes zones géographiques partageant des conditions environnementales semblables, des structures d'habitat semblables et une béta diversité. Ces habitats majeurs sont globalement semblables aux biomes. WWF a identifié 14 types d'habitats principaux dans le domaine terrestre, 7 en eau douce et 9 en zone marine.
En Europe
L'Europe et ses états-membres ont pour leur part défini les habitats comme étant des zones (aquatiques ou terrestres) naturelles ou semi-naturelles, caractérisées par des facteurs géographiques, abiotiques et biotiques. Une directive précise que certains habitats naturels sont d'intérêt communautaire. Ce sont les habitats qui, sur le territoire couvert par la Directive ;
- sont en danger de disparition (dans leur aire de répartition naturelle) ou
- ont une aire de répartition naturelle réduite, par suite de leur régression, ou à cause de leur aire intrinsèquement restreinte ou
- constituent des exemples remarquables de caractéristiques propres à l'une ou à plusieurs des sept régions biogéographiques de l'Eurœ (alpine, atlantique, boréale, continentale, macaronésienne, méditerranéenne ou pannonique).
La directive «Habitat Faune Flore»
Cette Directive européenne du 21 mai 1992 part du principe qu'il est illusoire de chercher à protéger les espèces et leurs fonctions écologique si on ne protège pas aussi et d'abord leur habitat.
Elle vise par conséquent à faciliter le bon état de conservation d'habitats prioritaires pour le maintien de la biodiversité en Europe, en tenant compte des exigences économiques, sociales, culturelles et régionales, reconnaissant que dans le contexte européen du XXe siècle, le maintien de la biodiversité peut "dans certains cas, requérir le maintien, voire l'encouragement, d'activités humaines". Elle s'appuie sur la protection des habitats naturels de la faune et de la flore sauvage dans 6 grandes zones bio-géographiques du territoire de la Communauté européenne : atlantique, boréal, macaronésienne, continentale, alpine et méditerranéenne. Elle complète la Directive oiseaux et ses zones de protection spéciales (ZPS), en intégrant les engagements de la Convention de Berne (1979). C'est un des éléments de la constitution du réseau écologique paneuropéen, qui s'appuie sur des zones spéciales de conservation (ZSC), dite "Natura 2000" (Art. 3) formant un réseau écologique européen cohérent.
Le classement en ZSC n'implique pas forcément l'arrêt ni même la modification de l'activité économique mais impose la mise en place d'un document d'objectif visant la pérennité ou la restauration de processus biologiques et des éléments nécessaires à la conservation des types d'habitats ou des espèces dites "d'intérêt européen" pour lesquelles elles ont été désignées. Les États membres proposent les zonations à l'Europe et mettent en place les documents d'objectifs. Des financements européens et nationaux peuvent aider les agriculteurs, forestiers, etc. à mettre en œuvre les actions de gestion restauratoire ou conservatoire. Cette directive vise un objectif qui est une des conditions du développement soutenable ; la conservation durable d'une quantité minimale d'habitats fonctionnels.
La Directive proposait un calendrier, et demandait des programmes d'amélioration des connaissances scientifiques et techniques, mais aussi d'éducation et l'information générale relatives aux objectifs de la directive, que certains pays, dont la France ont appliqué avec énormément de retard et avec des lacunes. Pour des raisons de subsidiarité, la directive n'intègre dans le réseau Natura 2000 que les sites d'intérêt européen. C'est aux état membres de décliner des mesures complémentaires à leur échelle. Les collectivités territoriales y concourant plus ou moins selon les législations des pays. Les États membres doivent prendre des mesures appropriées pour éviter, dans les zones spéciales de conservation (ZSC) les perturbations touchant les espèces pour lesquelles les zones ont été désignées,désormais que ces perturbations peuvent avoir un effet significatif eu égard aux objectifs de la directive. La "perturbation intentionnelle" d'une espèce protégée par la directive, surtout lors de sa période de reproduction, de dépendance, d'hibernation et de migration est interdite. La définition de la notion de perturbation et de dérangement a donné lieu à de longues et difficiles discussions, surtout en France concernant le dérangement par des activités de nature, la pêche ou la chasse. Elle est encore sujette à interprétation.
Voir aussi
Liens externes
- Exemples illustrés d'habitats caractéristiques et de grand intérêt pour la biodiversité, en France
- Gite ecologique dans toute la France
- Construire son habitat sur Ekopedia, l'encyclopédie pratique traitant des techniques alternatives de vie.
- les habitats, site explicatif et de vente d'équipements liés au développement durable ainsi qu'à l'habitat.
Notes et références
- ↑ Rosenberg, D :K., Noon, B. R. & Meslow, E. C., Biological Corridors : Form, Function, and Efficacy. 1997, BioScience 47 (10) : 677-687 (en)
- ↑ (en) Viederman, S., Meffe, G. K. & Carroll, C. R., 1997. The Role of Institutions and Policymaking in Conservation. In : Principles of Conservation Biology, 2nd ed. Meffe, G. K. & Carroll, C. R. eds
- ↑ (en) Myers, N., 1997. Global Biodiversity II : Losses and Threats. In : Principles of conservation biology, 2nd ed. Meffe, G. K. & Carroll, C. R. Sinauer Associates, Inc.
- ↑ (fr) Ramade, F., 1995. Éléments d'écologie : écologie appliquée. 5ème édition, Ediscience mondial, 28, rue Beaunier, 75014 Paris, 632 pp. ISBN10 : 2-10-006838-5, ISBN13 : 978-2-10-006838-8
- ↑ Martin, T. E., 1998. Are Microhabitat Preferences of Cœxisting Species under Selection and Adaptive? Ecology 79 (2) : 656-670
- ↑ Miller, B. & Mullette, K. J. 1985. Rehabilitation of an endangered Australian bird : the Lord Howe Island woodhen Tricholimnas sylvestris (Sclater) . Biol. Conserv. 34 : 55-95
- ↑ http ://en. wikipedia. org/wiki/Threatened_fauna_of_Australia Espèces menacées d'Australie (Wikipédia anglais) (en)
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